Mort de Philippe Alexandre, voix de RTL et figure du journalisme

Connu pour ses chroniques acérées et parfois acerbes, le journaliste était connu comme ayant « autant de procès en diffamation » que « d’ouvrages publiés ».

JOURNALISME - C’est la disparition d’un visage et d’une voix de la presse française. Figure du journalisme politique et notamment de RTL pendant près de 30 ans, Philippe Alexandre, connu pour le mordant de ses chroniques, est décédé à l’âge de 90 ans ce lundi 31 octobre. L’annonce de son décès a suscité un flot de réactions dans les milieux politiques et journalistiques.

« Avec Philippe Alexandre, la presse française perd une plume féroce, un enquêteur implacable, une voix libre. Redouté et admiré, il était pour beaucoup de Français, l’un des visages les plus familiers du journalisme politique », a notamment réagi sur Twitter le président de la République Emmanuel Macron.

« Avec son talent, sa vivacité, sa parole libre et la percussion de ses éditoriaux, il a marqué l’histoire de la station », a salué RTL de son côté.

Le journaliste « s’est éteint ce matin paisiblement » au Touquet, a indiqué l’une de ses deux filles, Agnès Alexandre-Collier, dans un message transmis à l’AFP avec l’accord de sa sœur et sa belle-mère, la journaliste et écrivaine Béatrix de l’Aulnoit.

Un « pionnier du poil à gratter radiophonique »

Chroniqueur à RTL de 1969 à 1996, il est également passé par la télévision aux côtés notamment de Serge July et a été immortalisé par les Guignols de l’info qui lui ont rendu hommage ce lundi sur les réseaux sociaux. Il sera inhumé au cimetière du Touquet, dans le Pas-de-Calais samedi, a précisé sa famille.

Journaliste « purement politique » aux airs d’inspecteur Colombo et à la voix rocailleuse, Philippe Alexandre était un « pionnier du poil à gratter radiophonique et du trait à la pointe sèche », disait son complice à la télévision, le co-fondateur de « Libération », Serge July.

Ses chroniques sur RTL, écoutées chaque matin par des centaines de milliers d’auditeurs, étaient redoutées par les politiques de tout bord. Quelques-unes d’entre elles « peuvent traduire des humeurs, de la mauvaise foi, des excès, déclarait-il au Figaro en 2016. Mais n’est-ce pas le propre de la fonction d’éditorialiste ? ».

« Nous étions loin d’être toujours d’accord, mais il connaissait tout de la politique, et son esprit était aussi vif que sa plume était acérée. C’est une grande voix qui disparaît », a salué le président de la Cour des comptes et ancien ministre socialiste Pierre Moscovici, sur Twitter.

Autant de procès en diffamation que de livres publiés

Né à Paris le 14 mars 1932 dans une famille d’origine juive, dont il a raconté l’histoire dans « Ma tribu plus que française » (2017), Philippe Alexandre débute dans le journalisme en 1951 comme rédacteur à « Combat ». Il entre à RTL en 1969 après être passé par « L’Oise libérée », « Jours de France », « Le Nouveau Candide » ou « Le Figaro Littéraire ».

« L’homme aux procès en diffamation aussi nombreux que ses ouvrages politiques » comme le qualifiait le Monde, n’a épargné aucun chef d’état. Il a affirmé que l’Élysée avait demandé sa démission en 1982 « pour apaiser François Mitterrand à qui mes chroniques donnaient de l’urticaire ».

À la télévision, de 1989 à 1992, il a co-animé l’émission politique « Le Débat » sur TF1, avec Serge July et Michèle Cotta, puis, dans les années 90, « Dimanche soir » sur France 3 avec Christine Ockrent et July, qui lui vaudra de fréquentes parodies dans les « Guignols de l’Info », sur Canal+.

Il claque la porte de RTL en 1996, après la fusion de la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion (CLT) avec le groupe allemand Bertelsmann. Devenu chroniqueur politique à BFM, France 3 et divers magazines, Philippe Alexandre a publié une vingtaine d’ouvrages, dont « Paysages de campagne » (sur l’élection présidentielle de 1988, prix Aujourd’hui), « Trop d’impôts tue l’emploi » (2005) ou « Dictionnaire Amoureux de la Politique » (2011).

Il a co-écrit plusieurs ouvrages avec sa compagne Béatrix de l’Aulnoit, dont un pamphlet contre Martine Aubry, « La Dame des 35 heures » (2002), qui provoqua la fureur de la responsable socialiste.

VIDÉO - Mort de Philippe Alexandre, grande voix de RTL : hommages à un homme "irrévérencieux"

 

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