Mort de Nahel: nouvelle nuit d'émeutes en France, plus de 1300 interpellations

Mort de Nahel: nouvelle nuit d'émeutes en France, plus de 1300 interpellations

Effectifs renforcés, blindés légers et couvre-feux: les autorités ont encore renforcé vendredi leurs moyens pour tenter d'enrayer le cycle des violences, pillages et destructions qui agitent sporadiquement de nombreuses villes du pays depuis la mort mardi du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.

Dans l'ensemble, la nuit a semblé plus calme que la veille, notamment en Île-de-France où, mises à part quelques tensions aux alentours de minuit à Nanterre et une intervention de la Brav-M dans le secteur des Halles à Paris, le climat ne s'est pas envenimé. Gérald Darmanin, en déplacement dans la nuit à Mantes-la-Jolie pour remercier les forces de l'ordre, a annoncé au micro de BFMTV qu'au moins 471 personnes ont été interpellées, mais les violences ont été d'une "intensité bien moindre". Le bilan a ensuite été revu à la hausse samedi avec au moins 1330 interpellations recensées.

Selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur, 79 policiers ont été blessés en marge des émeutes de la nuit. 31 commissariats, 16 postes de police municipale et 11 casernes de gendarmerie ont également été pris pour cibles.

45.000 policiers et gendarmes mobilisés

Au cours de la journée, le ministre de l'Intérieur avait annoncé la mobilisation "exceptionnelle" de 45.000 policiers et gendarmes pour éviter une quatrième nuit consécutive d'émeutes.

À ces effectifs, en légère hausse par rapport à la nuit précédente, s'ajoutent le déploiement de blindés de la gendarmerie et la poursuite du recours à des unités d'élite comme le GIGN pour faire baisser les tensions de la nuit précédente (492 bâtiments visés, 2000 véhicules brûlés et des dizaines de magasins pillés et ce en dépit de l'arrestation de près de 900 personnes).

Des dizaines de fourgons de policiers étaient ainsi positionnés non loin de l'entrée du quartier du Vieux-Pont à Nanterre, d'autres postés aux abords du quartier commerçant des Halles au cœur de Paris théâtre de pillages la nuit précédente.

Premières tensions dès l'après-midi, chaos à Marseille

Vendredi, de nouveau et dès l'après-midi, des incidents épars ont éclaté, à Rosny-sous-Bois et dans un centre commercial à Créteil, près de Paris, mais aussi dans le centre-ville de Strasbourg où un magasin Apple Store a été vandalisé et onze personnes interpellées.

Dans la soirée, c'est Marseille qui était de nouveau secoué par des heurts. La police a annoncé au moins 95 interpellations parmi des petits groupes, très mobiles, visage masqué, dont certains "tentent des pillages" sur plusieurs artères.

Une armurerie y a été pillée entre 21 et 21h30, a appris BFMTV de sources concordantes. Plusieurs armes de chasse ont été volées, mais aucune munition dans cette armurerie rue d'Aubagne, qui a été sécurisée par une garde statique, a-t-on ajouté de même source. Un individu a par ailleurs été interpellé en possession d'un fusil de chasse.

En fin de soirée, à la demande du maire de la ville Benoît Payan, Gérald Darmanin a annoncé l'envoi d'"importants renforts" en cours.

Heurts et scènes de pillage à Lyon

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la soirée a été enfiévrée par des scènes de pillages et affrontements entre émeutiers cagoulés et forces de l'ordre.

Dans le 4e arrondissement de Lyon, près du centre-ville, un poste de dépôt de plainte "a fait l'objet d'une intrusion et de dégradations", selon la préfecture. Des tirs de mortiers d'artifice ont ponctuellement illuminé la ville pendant plusieurs heures, parfois dans des fumées de lacrymogènes.

Dans le même temps à Grenoble, des centaines de jeunes encagoulés ont pu dévaliser de nombreux magasins du centre-ville, notamment de vêtements et de téléphonie, avant une intervention tardive des forces de l'ordre. La même scène a été observée à Saint-Étienne.

Aux alentours de 23 heures, le Raid est intervenu dans le secteur de Blaquière à Grasse, dans les Alpes-Maritimes. Dans ce même quartier, un groupe de trente personnes s'est attaqué à un camion immatriculé dans les Bouches-du-Rhône, a constaté sur place BFM Côte d'Azur.

Les personnes ont tenté de faire sortir le chauffeur du poids lourd en brisant le pare-brise. Ce dernier, très choqué, a été griffé sur les bras et reçu des coups à la tête.

Des mesures de prévention

Pourtant, des mesures préventives avaient été prises dans la journée par les autorités pour éviter ces violences. Gérald Darmanin avait demandé aux préfets l'arrêt des bus et tramways dans toute la France après 21h.

Après Clamart et Meudon (Hauts-de-Seine) notamment, d'autres communes instaurent des couvre-feux, comme Chalon-sur-Saône, Tourcoing, Amiens et cinq villes de l'agglomération bordelaise.

Le tribunal administratif a d'ailleurs validé vendredi le couvre-feu mis en place à Clamart, dégageant la voie pour l'instauration de mesures similaires par d'autres communes.

Le gouvernement a aussi décidé l'annulation d'événements "de grande ampleur", notamment les concerts de Mylène Farmer au stade de France vendredi et samedi.

Article original publié sur BFMTV.com