Mort de Nahel : la cagnotte de Jean Messiha pour la famille du policier fait l’objet d’une enquête

La cagnotte largement médiatisée pour la famille du policier auteur du tir mortel sur Nahel avait récolté une somme totale d’1,6 million d’euros.

Lancée par la figure d’extrême droite Jean Messiha, la cagnotte polémique pour soutenir la famille du policier fait désormais l’objet d’une enquête.
Lancée par la figure d’extrême droite Jean Messiha, la cagnotte polémique pour soutenir la famille du policier fait désormais l’objet d’une enquête.

JUSTICE - La cagnotte de soutien à la famille du policier qui a tué en juin le jeune Nahel à Nanterre, lancée par la figure de l’extrême droite Jean Messiha et qui a récolté plus de 1,6 million d’euros, fait l’objet d’une enquête à Paris, a indiqué ce mercredi 19 juillet le parquet joint par l’AFP.

Les investigations ont été confiées à la sous-direction des affaires économiques et financières de la police judiciaire après une plainte déposée par la famille de Nahel, qui accuse son promoteur de « manœuvres frauduleuses » et de « mensonges » visant à « tromper » les donateurs.

Toute personne bénéficiant de la cagnotte, « quand bien même elle serait de la famille du policier (...) se rendrait dès lors coupable de recel d’escroquerie en bande organisée », selon cette plainte.

La somme finale de cette cagnotte créée sur GoFundMe avait pourtant été remise à la femme du policier, malgré la clôture de la cagnotte le 4 juillet. Les fonds « ont été retirés par la bénéficiaire », avait indiqué la plateforme de crowdfunding auprès du Parisien le 13 juillet dernier. Au total, 82 000 donateurs avaient permis de récolter la somme exacte de 1 635 680 euros.

« Nous saluons la rapidité de cette décision du procureur de la République » d’ouvrir une enquête, a réagi Me Yassine Bouzrou, qui défend la famille de Nahel, auprès de l’AFP. De son côté, Jean Messiha n'a pas répondu aux sollicitations de l’AFP dans l’immédiat.

La mort de Nahel, suivie de la mise en examen pour homicide volontaire du policier, a relancé en France le débat sur les violences policières, choqué une large partie de la population et causé plusieurs nuits de violences dans de nombreuses villes de France.

Jean Messiha visé par une plainte

Le policier, placé en détention provisoire, a aussi bénéficié d’un mouvement de solidarité. Jean Messiha a d’ailleurs justifié son initiative par la volonté de soutenir « la famille du policier de Nanterre, Florian M., qui a fait son travail et qui paie aujourd’hui le prix fort ».

Début juillet, Gofundme avait expliqué à l’AFP que la cagnotte était « conforme » à ses règles car les fonds « seront versés directement à la famille en question ».

La plainte accuse, entre autres, Jean Messiha d’avoir « publiquement et mensongèrement présenté Nahel comme un ’multirécidiviste’ » tout en « mentant » en présentant le policier « comme un ’héros du Bataclan’ » alors que le fonctionnaire « ne serait en aucun cas intervenu » lors de l’attentat jihadiste qui a visé la salle de spectacle le 13 novembre 2015.

L’ancien porte-parole d’Éric Zemmour est par ailleurs accusé par la famille de la victime d’avoir relayé sur Twitter « des informations qui seraient issues du fichier du traitement des antécédents judiciaires de Nahel » afin de le « criminaliser », « nécessairement données par un ou plusieurs membres des forces de l’ordre ». La plainte vise ainsi les infractions de détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel et recel.

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