Mort de Milan Kundera, l’écrivain et auteur de « L’insoutenable légèreté de l’être » avait 94 ans

L’auteur, né en Tchécoslovaquie et naturalisé français, écrivait ses livres exclusivement en français depuis 1993.

L’écrivain tchèque naturalisé français Milan Kundera, ici en 2010 à Paris, est mort à 94 ans.
L’écrivain tchèque naturalisé français Milan Kundera, ici en 2010 à Paris, est mort à 94 ans.

DÉCÈS - L’écrivain Milan Kundera, auteur de L’insoutenable légèreté de l’être (1984) et L’immortalité (1990), est mort à 94 ans, a annoncé ce mercredi 12 juillet la porte-parole de la Milan Kundera Library, dans sa ville natale de Brno en Tchécoslovaquie.

« Malheureusement, je peux vous confirmer que M. Milan Kundera est décédé hier (mardi) à la suite d’une longue maladie », a indiqué à l’AFP Anna Mrazova.

Son éditeur Gallimard a également confirmé l’information auprès de l’AFP, précisant que l’auteur de La Plaisanterie (1965) était « décédé dans l’après-midi du mardi 11 juillet 2023 ».

Le français comme langue d’écriture à partir de 1993

Peintre sarcastique de la condition humaine, Milan Kundera était l’un des rares auteurs à être entré de son vivant dans les prestigieuses éditions de La Pléiade (en 2011).

Né tchèque en 1929, déchu de cette nationalité avant de la retrouver sur le tard, mais français depuis 1981, il était l’un des romanciers de langue française les plus influents au monde.

Lorsqu’il était encore tchèque, Milan Kundera a publié deux romans, La Plaisanterie (1965, salué notamment par le poète français Aragon) et Risibles amours (1968), des textes dressant un bilan amer des illusions politiques de la génération du coup de Prague qui, en 1948, permit l’arrivée au pouvoir des communistes.

Mis à l’index dans son pays après le Printemps de Prague, Kundera s’exile en 1975 en France avec son épouse Vera, présentatrice vedette de la télévision tchèque.

Naturalisé français, il choisira dès lors le français comme langue d’écriture, pour marquer sa rupture avec un pays natal qui l’a déchu de sa nationalité en 1979, puis la lui a rendue en 2019.

Écrivain tchèque le plus connu dans le monde, Milan Kundera a donc été paradoxalement aussi pendant de longues années le moins connu dans son pays en ce qui concerne ses ouvrages publiés en France. Car le romancier n’autorisait pas, dans un souci de perfectionnisme selon lui, la traduction en tchèque de ses ouvrages tels que La lenteur (1995) ou L’identité (1998). Se voir traduit par quelqu’un d’autre en sa propre langue serait une « perversité », affirmait l’écrivain, dont les livres ont été publiés dans une quarantaine de langues.

« L’Insoutenable légèreté de l’être », son chef-d’œuvre

En 1984 paraît ce que d’aucuns considèrent comme son chef-d’œuvre, L’Insoutenable légèreté de l’être, formidable roman d’amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte, dont le sujet n’est rien moins que la condition humaine.

S’abstenant de s’exprimer dans les médias, souhaitant qu’on parle de son œuvre et de rien d’autre, Kundera vivait discrètement dans le centre de Paris, avec sa femme Vera.

Il avait été plusieurs fois victime de macabres canulars sur les réseaux sociaux où sa mort a été annoncée avant l’heure.

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