Molière accédera-t-il un jour au Panthéon ?

Une statue de Molière à la cérémonie dédiée au théâtre et portant son nom, le 26 avril 2009 à Paris.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Une statue de Molière à la cérémonie dédiée au théâtre et portant son nom, le 26 avril 2009 à Paris.

MÉMOIRE - Au grand dramaturge, la patrie reconnaissante ? Le 17 février 1673, disparaissait Molière, génie du théâtre français. Ses pièces, qui figurent parmi les plus représentées sur les scènes de l’Hexagone, occupent une place de choix dans les programmes scolaires. La grande messe du théâtre français, les Molières, fut nommée ainsi en référence à ce dernier. Autre preuve, s’il en fallait d’autres, de l’importance de l’écrivain dans la culture française.

À l’occasion des 350 ans de sa mort, la question de sa panthéonisation se pose une nouvelle fois. Car plus trois siècles après son dernier soupir, Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, patiente toujours pour intégrer la nécropole la plus convoitée du pays.

Mais pourquoi le plus célèbre des dramaturges français n’est-il pas enterré au Panthéon ? La réponse se situe du côté de son engagement politique. En effet, l’auteur du Malade imaginaire, qui a vécu au XVIIIe siècle avant la Révolution, était un royaliste revendiqué, proche du roi Louis XIV. Or depuis 1958, l’entrée au Panthéon est soumise à une règle stricte : seuls les héros de la République française peuvent y être inhumés, sur décision du président.

Entrée réservée aux Républicains

Un attachement à la monarchie qui a également empêché le transfert des dépouilles d’autres grands intellectuels français comme Descartes, Racine et Montesquieu. « Si le Panthéon doit célébrer l’avènement de la République, Molière est un homme de l’Ancien Régime et un soutien du pouvoir de l’Ancien Régime et de Louis XIV », explique sur le site de BFMTV Christophe Schuwey, spécialiste de la littérature du XVIIe siècle.

Une panthéonisation du dramaturge s’opposerait donc à l’esprit républicain et laïque de cet édifice, bâtit sur la montagne Sainte-Geneviève durant la Révolution Française, dans une volonté de contrer la canonisation. Un argument que réfutent de nombreux fans de L’École des femmes, à l’instar du comédien Francis Huster. L’ancien sociétaire de la Comédie française milite depuis 2019 pour faire entrer l’écrivain dans le célèbre mausolée parisien.

« Un formidable symbole d’union des Français »

En février 2021, en prévision de l’anniversaire des 400 ans de la naissance de Molière, Francis Huster avait déjà interpellé Emmanuel Macron pour lui exposer ses arguments : « Jusqu’à la Révolution, les comédiens étaient considérés comme des renégats et le corps de Molière avait été jeté dans la fosse commune. Le faire entrer l’an prochain au Panthéon, ce serait un formidable symbole d’union des Français puisque c’est la langue de toute la France qui serait honorée », expliquait-il au Parisien.

Bien que la demande du comédien n’ait pas abouti, il a trouvé une oreille attentive auprès de la conseillère LR de Paris, Brigitte Kuster. L’élue avait adressé une question au gouvernement le 7 février 2021 pour revendiquer que « cette première entrée d’un comédien au Panthéon serait un signal puissant adressé au monde du spectacle vivant et de la culture », rapporte Le Point. Elle entraîne dans son sillage la mairie de Paris qui affiche son soutien à Francis Huster à travers une lettre adressée au chef de l’État et à la ministre de la culture de l’époque, Roselyne Bachelot.

De quoi encourager l’ancien sociétaire de la Comédie Française à persévérer dans son combat : « Il est absolument certain que cela aboutira. J’espère sous Emmanuel Macron, puisque le président lui-même m’a adressé, de sa main, que mon combat est juste, donc mon combat ira jusqu’au bout » martèle-t-il auprès de BFMTV.

En attendant de pouvoir célébrer la mémoire de Molière à l’intérieur du Panthéon, Francis Huster participait ce vendredi matin à une cérémonie en son honneur sur le parvis du monument. Une nouvelle occasion pour tenter de faire changer d’avis Emmanuel Macron ? Pour l’heure, l’Élysée n’a fourni aucun indice sur une éventuelle panthéonisation de Molière. Les restes du patron de la langue française risquent de demeurer un moment au cimetière du Père Lachaise.

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