Mohammed Morsi: pourquoi son référendum divise

La crise entre le président Mohammed Morsi et les juges a pris un tour plus radical ces derniers jours. La population est de nouveau dans la rue : la presse annonce une nouvelle manifestation pour
mardi 4 décembre contre le référendum constitutionnel, fixé par le président
Mohamed Morsi au 15 décembre. Les représentants des juges doivent se réunir
vendredi 7 décembre pour décider si oui ou non ils assureront la supervision dudit
référendum. Mais le débat dans la presse égyptienne porte moins sur le
contenu du texte lui-même que sur sa signification politique du scrutin à venir.
Ainsi, Mohamed Al-Baradeï, libéral et Prix Nobel de la paix, sur son compte Twitter, estime qu’en “présence d’un président aux pouvoirs absolus, en l’absence de pouvoir
judiciaire le recours
aux urnes est un leurre démocratique”. Et de dénoncer un référendum destiné à compter les soutiens au
président Mohamed Morsi, rapporte le quotidien du Caire Al-Masri Al-Youm.

Autrement dit, en Egypte comme ailleurs, les électeurs
risquent moins de répondre à la question posée qu’à celui qui la pose. Car les
analyses dans le détail du texte (234 articles) sont rarissimes dans la presse égyptienne.
C’est pourtant ce qu’il faudrait, car le paragraphe sur lequel tout le monde
attendait les Frères au tournant, l’article 2, celui qui stipule que “les
principes de la charia sont la principale source de la loi”, n’a pas été
changé. Beaucoup craignaient en effet qu’au lieu du terme vague de
“principes” on retienne “les préceptes” et qu’au lieu de
“la principale source”, on l’érige en “unique source”. Rien de tel n’a été le cas. En revanche, un
rôle accru est accordé à l’université musulmane d’Al-Azhar pour définir le
contenu de ladite charia, pour ne citer que cet exemple des dispositions à
coloration islamiste du texte.

“Il n’y a pas de doute que le référendum sur la constitution sera
implicitement un référendum sur les Frères et le président Mohamed Morsi”,
écrit le quotidien égyptien Al-Watan. “La plupart de ceux qui ont
voté oui au dernier référendum [en mars 2011] sur la modification de l’ancienne
constitution, le feront probablement à nouveau cette fois-ci”, prédit-il.
Ce qui ferait pencher la balance en faveur d’une victoire du oui. Toutefois,
“la dernière réunion de la commission, dans une séance marathon de
dix-sept heures d’affilées, a suscité beaucoup de méfiance”, ajoute le
journal. “Les membres de la commission se sont comportés comme l’élève qui
n’avait pas étudié, mais qui se rappelle soudainement qu’il doit passer un
examen le lendemain”, commente-t-il. En effet, la commission avait
soudainement accéléré ses travaux en fin de semaine dernière, alors que
l’opinion publique était encore occupée par la publication quelques jours plus
tôt du décret très contesté accordant au président Mohammed Morsi des pouvoirs quasi absolus, et quelques jours avant
le verdict attendu de la Cour constitutionnelle sur la validité de ladite
commission. [Le 22 novembre, Mohammed Morsi a interdit tout recours en justice contre ses décisions
et contre la commission constituante, boycottée par l’opposition de
gauche et laïque ainsi que par les Eglises chrétiennes].

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