Missile tombé en Pologne : que dit le traité de l'Otan lorsqu'un État membre est touché ?

Le logo de l'Otan en novembre 2019 à Bruxelles - Kenzo TRIBOUILLARD © 2019 AFP
Le logo de l'Otan en novembre 2019 à Bruxelles - Kenzo TRIBOUILLARD © 2019 AFP

Si une attaque d'origine russe en Pologne était confirmée, cela constituerait une aggravation sérieuse du conflit en Ukraine, Varsovie faisant partie de l'Otan, dont le traité prévoit que si un État membre est agressé, les autres considéreront cet acte comme une attaque dirigée contre l'ensemble des membres.

Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, les pays de l'Otan, dont la France, se sont toujours gardés de devenir "co-belligérants" dans ce conflit. En effet, s'ils se positionnent largement aux côtés de Kiev, l'Ukraine n'est pas membre de l'Alliance. Au contraire de la Pologne, où stationnent notamment des soldats américains.

Varsovie a affirmé dans la nuit de mardi à mercredi qu'un "projectile de fabrication russe" a touché son sol, tuant deux citoyens polonais. Alors que le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, a convoqué une "réunion d'urgence" ce mercredi au sujet de cette explosion meurtrière, la Pologne a dit réfléchir à l’activation de l’article 4 du traité.

L'article 4 lorsqu'un pays membre se sent menacé

Cet article 4 prévoit que "les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée".

Il a déjà été activé à plusieurs reprises, notamment en février 2022, lors de l'invasion russe en Ukraine. Plusieurs pays d'Europe de l'Est avaient alors demandé à l'Otan la mise en place d'un dispositif défensif, un soutien matériel à l'Ukraine et l'activation de la Force de réaction de l'Otan.

Mais cet article 4 s'accompagne surtout de l'article 5, qui prévoit un mécanisme d’assistance mutuelle en cas d’attaque caractérisée.

Selon l'article 5, une attaque contre un membre est une attaque contre tous

L'article 5 du traité stipule qu'une attaque contre un membre déclenche une riposte de l'Alliance. Il introduit le principe de défense collective et affirme qu'une attaque contre un pays membre est une attaque contre tous les pays membres.

"Une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties", peut-on lire dans le traité.

L'objectif est alors de "rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord". L'obligation incombe à chaque pays membre qui décide de quelle nature son aide se matérialisera, l'emploi de la force armée n'étant pas exclu. L'assistance dépend également des ressources matérielles dont dispose chaque pays membre.

L'article 5 n'a été invoqué qu'une seule fois: par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001. L'Otan avait alors dirigé une coalition en Afghanistan. Cet article sert surtout de force dissuasive contre toute potentielle agression, notamment car plusieurs membres de l'Otan sont dotés de l'arme nucléaire.

Prudence des membres de l'Otan

Ainsi, si le missile qui a touché le territoire polonais s'avère avoir été tiré par la Russie, il est possible que l'article 5 soit activé. Toutefois, l'Elysée, qui met en garde contre "les risques d'escalade importants" après ce tir de missile en Pologne, affirme que le recours à cet article ne serait pas automatique.

"Pour autant, il ne s'agit pas de faire la guerre à la Russie (...). Il y a d'autres façons de montrer notre solidarité à l'Ukraine", poursuit l'Élysée.

Les membres de l'Otan ne veulent pas "spéculer" sur l'origine du tir. Si Varsovie a mis son armée en alerte maximum, le président polonais Andrzej Duda a déclaré que son pays n'avait pas encore de "preuve univoque" sur l'auteur du lancement de missile et a parlé "d'acte isolé". La France a quant a elle appelé à "la plus grande prudence" sur l'origine du tir. Joe Biden a quant à lui jugé "improbable" qu'il ait été lancé depuis la Russie.

De son côté, Volodymyr Zelensky a immédiatement appelé à une "action" coordonnée et à une réponse européenne, accusant Moscou. La Russie, elle, dément et parle de "provocation intentionnelle dans le but de créer une escalade de la situation".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Ce que l'on sait du missile "de fabrication russe" qui a frappé la Pologne