Missak Manouchian va entrer au Panthéon, confirme l’Élysée pour l’anniversaire de l’Appel du 18 Juin

Emmanuel Macron, ici le 9 juin à l’Élysée, va faire entrer Missak Manouchian, héros de la Résistance, au Panthéon.
Emmanuel Macron, ici le 9 juin à l’Élysée, va faire entrer Missak Manouchian, héros de la Résistance, au Panthéon.

PANTHÉON - Un rescapé du génocide arménien, apatride et communiste, bientôt au Panthéon. Le président Emmanuel Macron va faire entrer Missak Manouchian, héros de la Résistance, dans le temple des personnalités qui ont marqué l’histoire de la France, a officialisé l’Élysée ce dimanche 18 juin.

« Missak Manouchian porte une part de notre grandeur », il « incarne les valeurs universelles » de liberté, égalité, fraternité au nom desquelles il a « défendu la République », déclare la présidence dans un communiqué.

Le président, qui salue la « bravoure » et « l’héroïsme tranquille » de Missak Manouchian, rend aussi hommage, à travers lui, à tous ses compagnons d’armes étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d’Europe centrale. « Le sang versé pour la France a la même couleur pour tous », souligne l’Élysée.

Missak entrera au Panthéon « accompagné de Mélinée », son épouse d’origine arménienne, résistante comme lui, qui lui survécut 45 ans et repose à ses côtés au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), a précisé l’Élysée. C’était le souhait de la famille, comme pour Simone Veil et son époux Antoine, entrés au Panthéon en 2018. Le couple Manouchian reste ainsi uni dans la mort mais Mélinée n’est pas elle-même panthéonisée.

Cette annonce coïncide avec le 83e anniversaire de l’Appel du 18 Juin, que le président commémorera comme chaque année dans la matinée au Mont Valérien, près de Paris, où un millier de résistants et otages, dont Missak Manouchian, furent exécutés par l’armée allemande pendant l’Occupation.

Premier résistant étranger et communiste au Panthéon

Rescapé du génocide arménien, apatride, réfugié en France en 1925, Missak Manouchian rejoignit en 1943 la résistance communiste où il s’illustra à la tête d’un réseau très actif avant d’être arrêté et fusillé par les Allemands le 21 février 1944.

Il devient le premier résistant étranger et communiste à entrer dans le temple des grandes figures de la République, au côté de Voltaire, Victor Hugo ou Marie Curie.

Avant lui, huit membres de la Résistance ont déjà ainsi été honorés depuis le transfert des cendres de Jean Moulin en 1964, dont quatre - Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay - sous François Hollande en 2015.

« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement », écrivit Missak à Mélinée, juste avant de mourir, proclamant aussi n’avoir « aucune haine contre le peuple allemand ».

Ardemment souhaité par la gauche

Depuis 2017, Emmanuel Macron a déjà panthéonisé Simone Veil, Maurice Genevoix et Joséphine Baker.

La panthéonisation de Missak Manouchian était ardemment souhaitée par la gauche française, notamment le parti communiste. « Pour nous, l’essentiel c’est que ce soit un étranger mort pour la France qui entre au Panthéon », souligne le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, dont le grand-père, Albert, fut le chef de Missak Manouchian dans la Résistance. « Ça dit beaucoup de ce qu’est la Nation française », c’est un « message fort d’intégration pour les jeunes d’aujourd’hui », a-t-il déclaré à l’AFP.

Parallèlement, 91 résistants et otages étrangers fusillés comme lui au Mont Valérien sont aussi reconnus « morts pour la France ».

Célébré par Aragon et Léo Ferré, Missak Manouchian est aussi entré dans la mémoire collective avec « l’Affiche rouge », placardée dans tout Paris par la propagande nazie durant son procès pour désigner son groupe à la vindicte. « L’Affiche rouge » est aussi le titre d’un film sorti en 1976 qui immortalisa l’histoire du groupe Manouchian à l’écran.

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