La minute antique – Labyrinthologie

« Thésée et le Minotaure dans le Labyrinthe », d’Edward Burne-Jones (1861). - Credit:Bridgeman Images
« Thésée et le Minotaure dans le Labyrinthe », d’Edward Burne-Jones (1861). - Credit:Bridgeman Images

Rien que cet automne, il figure dans le titre de l'essai percutant d'Amin Maalouf, il est évoqué dans une belle et osée Lettre d'amour au Minotaure, de Sandra Labastie, et il fait l'objet d'une somme formidable chez Bouquins, Les Labyrinthes, dirigée par Malek Abbou… Le labyrinthe est à la mode. Est-ce parce qu'il donne l'impression d'être la métaphore de notre monde incompréhensible dans lequel nous tâtonnons, guettant le danger à chaque bifurcation ? Il y a peu, dans ces colonnes, le philosophe Peter Sloterdijk enjoignait aux humains, s'ils voulaient survivre dans notre époque, de se lancer dans « l'étude d'une science inexistante : la labyrinthologie ». C'était, évidemment, de l'humour. À l'origine, le labyrinthe est une création humaine, il suppose donc un plan. Mais aujourd'hui, à moins d'être croyant, on ne voit pas l'architecte. De plus, avec un bon fil, jadis, on parvenait à s'en sortir, mais dans ce labyrinthe-monde, qui peut prétendre jouer les Ariane ? Le labyrinthe antique supposait, enfin, un seul Minotaure, un seul monstre à tuer, incarnation d'un but qui, une fois atteint, réglait tout. Mais aujourd'hui, quel est ce Minotaure, puisque tout le monde a le sien ? §