Militants CGT convoqués à la DGSI : Martinez demande à Borne « d’intervenir » en leur faveur

The secretary general of the CGT Philippe Martinez in Lyon, France, for the 110 years of the CGT of the Rhone on 23 September 2017. (Photo by Nicolas Liponne/NurPhoto via Getty Images)
NurPhoto / NurPhoto via Getty Images The secretary general of the CGT Philippe Martinez in Lyon, France, for the 110 years of the CGT of the Rhone on 23 September 2017. (Photo by Nicolas Liponne/NurPhoto via Getty Images)

JUSTICE - Des salariés de RTE traités comme des « terroristes » par les services secrets ? Dans une interview à franceinfo ce jeudi 15 décembre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a dénoncé le traitement infligé à quatre salariés du gestionnaire électrique placés en garde à vue en octobre dans les locaux des services de renseignement français, la DGSI.

« Ils n’ont pas mis en péril la France », assure le syndicaliste, qui réclame de la Première ministre Élisabeth Borne qu’elle intervienne en la faveur des quatre employés. Ces salariés sont soupçonnés d’avoir saboté le réseau électrique, sur fond de mouvements sociaux en juin et juillet dernier. Ils ont été convoqués devant le tribunal correctionnel de Paris, le 28 février prochain et seront jugés pour « entrave », « sabotage » et « accès frauduleux ». Ils risquent jusqu’à 15 ans de prison.

« “Saboter”, c’est un peu exagéré, jure Philippe Martinez. Ce qui me choque, c’est qu’il y a des mouvements de grève (...), des formes d’actions, qui ne remettent pas du tout en cause la sécurité de la France ou du réseau (...). Que des salariés grévistes soient traités comme des terroristes est absolument scandaleux. »

« Une machination orchestrée », pour Martinez

Début décembre, Philippe Martinez avait envoyé une lettre au vitriol à la Première ministre, ainsi qu’aux ministres de la Justice, de l’Intérieur et de la Transition énergétique. Il y dénonçait la « machination orchestrée » par la direction de RTE lors de l’arrestation de quatre salariés. Selon lui, la direction du gestionnaire électrique serait directement intervenue auprès de la DGSI et prévoirait « de se porter partie civile et faire condamner lourdement les grévistes ».

Contactée par l’AFP, RTE a indiqué la semaine dernière avoir « informé la section cyber de la DGSI à la suite de la survenance des actes qui relevaient d’une action volontaire, coordonnée et numérique contre un nombre important de postes. » Et notamment « des ouvrages à très haute tension (400 000 V), colonne vertébrale du système électrique européen ».

Une « procédure habituelle », pour RTE

Elle estime qu’il s’agit d’une « procédure habituelle » pour ce type d’action et indique que « le procureur de la République, et lui seul, a décidé de saisir la section spécialisée en matière de cybercriminalité », laquelle a « ensuite désigné la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) comme le service enquêteur ».

Une appréciation contestée depuis le départ par la CGT : Philippe Martinez estime qu’il s’agit d’« actions symboliques » sur l’outil de travail : « Utiliser un ordinateur pour passer la commande des postes électriques "en local" ne constitue pas une cyber-attaque. L’inhibition de la télécommande des appareils n’a pas d’effet sur des installations qui fonctionnent en mode automatique », indique-t-il dans sa lettre.

À l’issue d’une enquête interne, RTE a récemment signifié aux quatre salariés lors d’entretiens préalables, envisager leur « mise à la retraite d’office », ce qui équivaut à un licenciement, a indiqué le groupe à l’AFP. Les quatre salariés sauront dans les tout prochains jours si cette sanction est prononcée ou non. Lors de leur placement en garde à vue, la Fédération CGT de l’énergie avait dénoncé une « criminalisation du droit de grève », visant à « faire taire les revendications salariales ».

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