Aurélie Vaquier avait été tuée et cachée sous une dalle en béton, son compagnon devant la justice

Une dalle en béton de deux mètres sur un mètre, la taille d'un corps. Les enquêteurs percent à quatre endroits et lors du dernier coup de perceuse la mèche ressort recouverte d'un liquide rougeâtre. Du sang, celui d'Aurélie Vaquier comme le démontreront rapidement les analyses. Depuis deux mois et demi, les gendarmes de Béradieux, dans l'Hérault, sont à la recherche de cette femme de 38 ans.

Cette macabre découverte est réalisée le 7 avril 2021 sous une estrade sur laquelle est empilé un encombrement d'objets au domicile de la victime qu'elle partage avec son compagnon. Aux premières heures de l'enquête le 23 février 2021, Samire L. ne se démonte pas.

Face aux enquêteurs, cet homme aujourd'hui âgé de 41 ans jugeait l'attitude de sa compagne "pas correcte". Aurélie Vaquier, créatrice de produits cosmétiques bio qui arpente également les marchés pour vendre des objets et bijoux fantaisie, ne lui a alors pas donné signe de vie depuis le 29 janvier de la même année. Lui évoque un départ volontaire.

Samire L. est jugé à partir de ce mardi 9 janvier pour le meurtre de sa compagne par la cour d'assises de l'Hérault. Un meurtre qu'il a toujours contesté, reconnaissant certes quelques tensions dans son couple formé six mois plus tôt, mais répétant être victime d'un coup monté.

Un signalement un mois après sa disparition

Les gendarmes sont prévenus de la disparition d'Aurélie Vaquier. Ils reçoivent à la fois l'alerte de Samire L. mais aussi celle des proches de la jeune femme, informés quelques heures auparavant par ce dernier de la situation. Le couple s'est rencontré à l'été -lui, père de deux enfants, est fraîchement séparé de sa femme- et s'est installé ensemble en décembre dans un local commercial destiné à accueillir les produits confectionnés par Aurélie Vaquier.

Aux militaires, Samire L. raconte avoir quitté les lieux le 28 janvier au matin pour prendre la direction de l'Ain pour aller chercher son fils pour les vacances. Il ne reviendra dans l'Hérault que le 6 février. Entre temps, l'homme explique n'avoir reçu aucun message de sa compagne, aucune nouvelle. À son retour, il a retrouvé uniquement le chat d'Aurélie, un animal qu'elle considérait comme son propre enfant. Pour autant, Samire L. ne s'affole pas, il l'assure: sa compagne est partie de son plein gré.

Il en veut pour preuve un message adressé par sa compagne la veille de son départ pour l'est de la France: "Comme je l'ai dit je part (sic) quelques jours à la campagne pour me recentrer sur moi-même."

"Comportement inadapté"

Rapidement, les gendarmes ont des doutes sur Samire L. Certes, il est décrit comme sympathique, mais Aurélie Vaquier s'était épanchée auprès de ses proches expliquant les nombreuses tensions au sein de son couple, notamment en raison des importants travaux qu'elle mène avec son compagnon au sein de leur local. Ce dernier n'était semble-t-il pas non plus avare de propos désobligeants sur sa compagne, notamment après sa disparition.

Le comportement de Samire L. intrigue également. Dès le 23 janvier, il consulte des sites pornographiques. Avant même de signaler la disparition de sa compagne, il fréquente les sites de rencontre, répond à des annonces libertines. Départ précipité pour l'Ain, absence d'inquiétude quant à la disparition de sa compagne, absence aussi de tristesse quand on découvrira le destin funeste de cette dernière, autant d'éléments démontrant un "comportement inadapté et incohérent", selon le juge d'instruction.

"On va aussi lui reprocher de ne pas participer aux battues, mais il s'est fait bousculer lors de l'une d'entre elle, il n'était pas spécialement le bienvenue par les proches, dévoile Me Mathieu Montfort, l'avocat de l'accusé. Mais on va quand même en déduire qu'il n'a pas la bonne attitude." Pour le pénaliste, la justice a fabriqué le coupable idéal. "Le seul problème de mon client, c'est qu'il est le compagnon d'Aurélie Vaquier", tranche-t-il encore.

Le corps caché sous une dalle

Jusqu'au 23 février et au signalement de la disparition d'Aurélie Vaquier, Samire L. continue de lui envoyer des messages. La ligne téléphonique de la jeune femme n'est pourtant plus active depuis le 26 janvier à 17h10. Les auditions révèlent par ailleurs que des bruits de travaux ont été entendus dans le local occupé par le couple depuis le départ d'Aurélie Vaquier. Les gendarmes se rendront à plusieurs reprises à ce domicile, constatant l'existence de travaux récents au milieu du capharnaüm ambiant, entre pots de peinture et cartons d'affaires.

Après la découverte du corps à son domicile, Samire L. est pourtant rapidement placé en garde à vue puis mis en examen. De manière constante, depuis ce 7 avril 2021, il maintient être étranger au décès de sa compagne. Un décès par asphyxie causée par une pression prolongée sur la carotide, sans violence. Aucune trace de défense n'a été retrouvée sur le corps de la victime. À plusieurs reprises, l'homme s'estime la cible d'un "sale coup", quelqu'un ayant profité de son séjour dans l'Ain pour dissimuler le corps de la jeune femme.

Lors de l'instruction, il a été demandé à un maçon qualifié de réaliser une telle dalle. Une tâche qui lui a demandé six heures, le tout en plein confinement imposé par la crise sanitaire. "Il est peu probable qu'un tiers, après avoir tué Aurélie Vaquier se maintienne aussi longtemps au domicile, courant le risque de se faire prendre", relève le juge d'instruction.

Victime d'un "sale coup"

"On demande à mon client comment il n'a pas pu se rendre compte que quelqu'un était venu chez lui, mais quand il revient il ne se pose pas cette question, pour lui c'était toujours le même bazar, il ne pouvait se rendre compte si tel ou tel objet avait bougé de place, balaie Me Montfort. Aujourd'hui, on regarde au microscope des éléments mais il faut se remettre dans le contexte."

Pour la défense, les investigations sont également tronquées. "Quand on commence l'enquête, il y a des éléments qu'on n'a plus, le champ des investigations est réduit", poursuit l'avocat qui estime que les soupçons se sont portés sur "le plus proche" écartant de fait les autres pistes, comme celle reposant sur des tensions familiales ou encore des problèmes de dette. "On a des pistes mais on n'a pas pu les exploiter à 100%, Samire L. s'est retrouvé exposé par la facilité", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com