#MeToo hôpital : Roselyne Bachelot évoque ce qu'elle a elle-même subi dans sa carrière

Docteure en pharmacie et ancienne ministre de la Santé, Roselyne Bachelot n'a pas caché son malaise sur le plateau de "C à Vous" en évoquant les comportements de chefs de service qu'elle a croisés dans son parcours.

Roselyne Bachelot a "encore un peu de mal à en parler". Invitée sur le plateau de C à Vous jeudi 18 avril, l'ancienne ministre de la Santé sous Nicolas Sarkozy a évoqué la récente prise de conscience du climat de violences sexistes et sexuelles dans le milieu hospitalier, baptisée "#MeToo hôpital". Et n'a pas caché son malaise en répondant à une question sur les violences dont elle a elle-même fait les frais.

"Un exemple, le bizutage", a-t-elle déclaré en faisant référence à ses années d'étude de pharmacie, après quelques secondes d'un silence gêné.

"Il y avait un miroir au dessus de la table et on demandait (aux étudiantes) d'ôter (leur) culotte et de marcher sur (le miroir), pour que les étudiants mâles puissent regarder notre sexe."

"Je me suis évanouie à l'idée de le faire"

"Vous l'avez fait ?", lui a alors demandé Anne-Élisabeth Lemoine, présentatrice du talk-show. "Non", lui a répondu la docteure en pharmacie de formation. "Je me suis évanouie à l'idée de le faire."

Elle rapporte avoir également été confrontée à des formes d'abus de la part de chefs de service dans sa carrière à l'hôpital, dont elle ne dévoile pas la nature. "On ne se défend pas, on ne peut pas", déclare-t-elle, avant de couper court: "J'ai encore un peu de mal à en parler, si vous permettez."

Le milieu hospitalier bousculé

L'émergence du #MeToo hôpital est arrivée par le témoignage de Karine Lacombe, cheffe de service hospitalier des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine, dans une enquête publiée le 10 avril par Paris Match. Elle y accuse l'urgentiste médiatique Patrick Pelloux de "harcèlement sexuel et moral".

Le principal intéressé, s'il a reconnu avoir été "grivois" dans les colonnes de l'hebdomadaire, "conteste avec force" sur Instagram "les accusations de Karine Lacombe et les rumeurs relayées".

Roselyne Bachelot a assuré il y a quelques jours sur BFMTV avoir "exfiltré" Patrick Pelloux de l'hôpital Saint-Antoine en 2008, lorsqu'elle était ministre, après avoir été mise au courant "d'un management anormal, harcelant, humiliant". Elle apporte des précisions face à Anne-Elisabeth Lemoine:

"Il n'y avait pas de témoignages à l'époque, mais je sais aussi que les processus de violences managériales sont souvent accompagnés de violences sexistes et sexuelles, ça va ensemble."

"On diminue la victime potentielle, on la met en position d'infériorité, et elle devient à ce moment-là une victime désignée à un excès de violence sexiste sexuelle ou sexualisée", décrit-elle. "Ensuite les choses se sont révélées, et ça ne m'a évidemment pas étonnée."

Article original publié sur BFMTV.com