L'hommage de Metin Arditi à Jean-Paul Capitani

Jean-Paul Capitani, patron des éditions Actes Sud décédé le 4 avril, et son épouse, l'ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen.  - Credit:BERTRAND LANGLOIS / AFP
Jean-Paul Capitani, patron des éditions Actes Sud décédé le 4 avril, et son épouse, l'ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen. - Credit:BERTRAND LANGLOIS / AFP

La première chose qui me frappa chez Jean-Paul Capitani, ce fut ses mains. Carrées, puissantes. Des mains aux doigts musclés, qui me renvoyaient à celles des marbriers ou des pêcheurs, si ce n'est que les leurs étaient toujours abîmées, alors que celles de Jean-Paul avaient traversé les ans et les besognes en restant intactes. Car des besognes il y en avait eu, pour sûr. On ne développe pas des mains pareilles en multipliant les dîners en ville. Des mains simples et fortes, beaucoup d'épaisseur, qui le définissaient entièrement, comme elles annonçaient ce que pouvait être une amitié avec lui. Simple et forte. Beaucoup d'élégance. Et comme dans toute vraie élégance, rien d'inutile. Rien de compliqué.

Cela se passait à Arles, à l'automne 2004. Hubert Nyssen venait de m'accueillir comme auteur Actes Sud : « La maison, ce n'est plus moi, vous aurez à faire à Françoise, Jean-Paul et Bertrand. » Françoise, c'était sa fille, bien sûr, Françoise Nyssen, Jean-Paul, son mari, et Bertrand Py, le directeur éditorial. « C'est un terrien », avait-il ajouté à propos de Jean-Paul. « Vous vous entendrez bien. »

Durant l'été 2005, Françoise et Jean-Paul, accompagnés d'Antoine, alors âgé de 11 ans, et de Pauline, 18 ans, vinrent en Grèce assister à un mariage. Je leur proposai de s'arrêter à leur retour à Spetses et de passer quelques jours chez nous. Ce fut une semaine de bonheur, d'amitié révélée, scellée. Une amitié rare. Dès lors, la semaine spetsiote devint un rituel. L'a [...] Lire la suite