Merkel-NSA : Après l'affront, la fin de l'espionnage américain ?

“Enfin, la chancelière s’indigne
des pratiques d’espionnage de la NSA,” écrit la Frankfurter Rundschau, qui poursuit
ironiquement : “All men are created equal - tous les hommes naissent égaux
en droits. Les services de renseignement américains de la NSA prennent
visiblement ce principe de la Constitution américaine au sérieux : si déjà
ils espionnent le peuple allemand, alors ils ont bien le droit d’espionner la
première serviteure du peuple allemand, Angela Merkel. Merci, la NSA. Peut-être
que la chancelière va maintenant gamberger. Et peut-être va-t-elle être
sérieusement indignée.” En tout cas, considère le quotidien de centre
gauche, “ce moment est une chance. Une chance pour endiguer l’espionnage le
plus total de l’histoire de l’humanité.”

”Si elle saisit l’opportunité de pénétrer cette ‘terre
inconnue’ de la communication numérique, Merkel pourrait s’attirer beaucoup de
respect. (…) Si elle ne réagit qu’avec tièdeur, le SPD [Parti social-démocrate,
en cours de négociation avec elle pour former le gouvernement de grande
coalition] pourrait la dynamiser.” La FR recommande au SPD - “au nom
des citoyens et de sa propre crédibilité” - qu’il fasse en sorte que “des
mesures contre l’espionnage des citoyens et le traité de libre échange avec les
Etats-Unis fassent désormais partie des négociations de coalition.” “Si
la résistance contre ces pratiques qui menacent les libertés est trop faible
aux Etats-Unis, alors l’ami américain a besoin de toute urgence d’une critique
constructive de l’étranger,” conclut le quotidien. A l’appui de ces vigoureuses
exigences, la FR rappelle que l’écrivain et essayiste Ilija Trojanow - qui
avait signé une lettre ouverte à la chancelière sur l’affaire de la NSA en
septembre dernier - a récemment été refusé sur le territoire américain au motif
qu’il avait exprimé des critiques sur la folie de l’espionnage.

De son côté, Cicero souligne
combien la chancelière aura été “naïve” et combien elle aura raté d’occasions
jusqu’à ces dernières révélations la touchant personnellement. N’avait-elle pas
lancé cette phrase devenue légendaire, selon laquelle “l’Internet est pour nous
tous une terre inconnue”, au moment même où Barack Obama faisait halte à
Berlin ? Et n’avait-elle pas été en retrait par rapport aux libéraux (FDP)
de sa coalition voire au parti frère de la CSU, en affirmant sa “confiance” en ses propres services de
renseignement et en allant jusqu’à laisser son directeur de la chancellerie
déclarer en août que “l’affaire [était] close” ?

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