"Mentalement, je suis prêt": Marchand entame la dernière ligne droite avant les JO avec sa reprise en grand bassin

Sous son peignoir a rayures blanches et orange, il n’avait pas l’air d’être bien dangereux, le nouveau phénomène de la natation mondiale. Handicapé par la fatigue, la fête et une coupure bien nécessaire après avoir survolé les championnats NCAA à Indianapolis deux semaines avant, Leon Marchand aurait bien aimé se concentrer pleinement sur son retour en grand bassin lors du Tyr Pro Swim Series de San Antonio. Mais une angine est passée par là et puis son coach, le légendaire Bob Bowman, a annoncé son départ d’Arizona State pour un autre projet qui va le voir prendre la tête du programme à l’Université de Texas.

Une annonce qui a eu l’effet d’une bombe sur le groupe, même si Bob Bowman tenait à rappeler l’inéluctable en décalant le sujet sur son nageur, qui ne le suivra pas au Texas, pas plus qu’il ne continuera avec Arizona State: "Léon est pro. Il va être pro… c’est un pro. Voilà, c’est tout ! Il était prévu que les championnats NCAA soient son dernier concours."

"C’est un test cette semaine qui forcément me fait penser de plus en plus aux Jeux"

De quoi agiter un peu le ciel bleu du jeune Français qui se satisfaisait jeudi d’une première victoire sur 200 m papillon en 1.54:97, repoussant la menace Luca Orlando sans trembler, en partant plus vite que lors d’une série perdue le matin contre le jeune américain.

"Si on m’avait dit il y a deux jours que je ferais un temps pareil, je n’y aurais pas cru”, glissait-il avec un sourire satisfait. Même à deux secondes et demi de son record du monde établi un an plus tôt à Fukuoka, Marchand était content de ses sensations.

Après avoir décroché cinq médailles d’or aux championnats du monde en 2022 et 2023, plus huit titres individuels lors des trois derniers championnats NCAA, le nageur qui fait fantasmer toute la France mais aussi pas mal de monde aux Etats-Unis, attendait ce retour en grand bassin avec impatience : "Cette étape me rapproche des JO parce que retrouver le grand bain permet de reprendre des repères. Du mois d’août à la semaine passée, on fait toute la saison en petit bain. Donc c’est un test cette semaine qui forcément me fait penser de plus en plus aux Jeux."

Il a remis le couvert vendredi en gagnant facilement le 400m 4 nages, devançant dans un temps moyen de 4.11:21 un habitué des places d’honneur, l’Américain Chase Kalisz. "C’était bien moins bien aujourd’hui", avouait-il à un petit parterre de médias français et américains. "J’ai commis pas mal d’erreurs durant la course et le temps n’est pas terrible. C’est donc mitigé pour l’instant."

"Ça a été difficile à gérer"

L’important, ce sont les repères. Même si les discussions "off the record" allaient bon train sur le timing de l’annonce du départ Bob Bowman, le lendemain des résultats historiques obtenus par Arizona State à Indianapolis. Léon, lui, se voulait évidemment respectueux du choix de son coach, même si cela le force à revoir un peu ses plans à quelques mois des Jeux, préférant insister sur un travail mental effectué qui est bien utile aujourd’hui. "Il y a deux semaines, j’ai tout donné nerveusement et énergiquement. C’était un super moment mais la suite a été difficile. On a célébré le championnat NCAA, je suis tombé malade et puis la nouvelle concernant Bob est tombée et mentalement ça a été difficile à gérer", glissait-il doucement après sa deuxième victoire à San Antonio. "Je vais aller à Texas (University) avec Bob ce dimanche. On va y faire deux semaines d’entraînement. Ensuite j’ai un mois de camp d’entraînement dans le Colorado puis il sera temps de rentrer en France."

Un ange passe. Bowman et Marchand ont les JO en ligne de mire et le duo va continuer à avancer. "J’ai beaucoup travaillé mentalement", reconnaissait le jeune Français. "J’essaie d’avoir le sourire tous les jours. Mon bien être est primordial. Pour l’instant, je ne ressens pas trop l’excitation des JO car je suis ici. Mais je m’y suis préparé. Mentalement, je suis prêt.’

Ce samedi, Léon Marchand nagera encore le 200m 4 nages et le 200m brasse, mais les records vont devoir patienter. Tout comme une rencontre qu’il espère concrétiser un jour avec celle de l’autre jeune phénomène du sport français, un certain Victor Wembanyama qui le même soir propulsait les Spurs à une victoire de prestige face au champion en titre, les Denver Nuggets: "J’aurais bien aimé le voir, mais mon temps est un peu compté jusqu’à Paris, j’ai plusieurs déménagements prévus, beaucoup de changements, des voyages aussi. Mais nous avons tous les deux beaucoup d’ambitions. On vit tous les deux nos aventures américaines à toute vitesse, avec énormément d’opportunités."

Tous deux rêvent tout haut de réécrire l’histoire de leur sport et quoi de mieux qu’un ou plusieurs triomphes aux Jeux olympiques pour cela, même si plusieurs questions restent en suspens. "Je ne crois pas que le doublé 200 papillon, 200 brasse ait déjà fait avant, donc je ne sais pas si c’est possible", s’amusait encore Marchand. "Je m’entraîne dans ces deux disciplines et on verra comment je me sens avant ce jour. Ça sera quatre courses dans la même journée, donc oui, c’est beaucoup. Mais c’est très excitant."

La priorité du moment est à la montée en puissance sur grand bassin et à son travail avec Bowman, lequel a aussi annoncé qu’il rejoindrait le staff de l’équipe de France pour s’occuper du phénomène lors de la quinzaine olympique: "J’ai l”impression qu’à Paris, Léon sera plus grand qu’il ne l’a été l’été dernier. C’est donc plus simple si je travaille avec les Français."

Article original publié sur RMC Sport