Marjane Satrapi sait ce qui différencie la contestation en Iran de celle qu’elle a connue

Marjane Satrapi, ici au mois de septembre 2019, à Zürich.
Andreas Rentz / Getty Images for ZFF Marjane Satrapi, ici au mois de septembre 2019, à Zürich.

IRAN - Tandis que le mouvement de contestation se poursuit en Iran, l’autrice franco iranienne de Persepolis, Marjane Satrapi, s’est confiée au Guardian pour donner son sentiment sur la situation dans son pays d’origine.

« Ce que j’ai vécu, la jeunesse le vit maintenant, souffle la cinéaste dans son interview avec le quotidien britannique publiée dimanche 9 octobre. Mon souhait, c’est que la situation aille vers quelque chose de beau qu’on appelle la liberté et la démocratie. »

Elle n’a jamais pu retourner en Iran après la publication de Persepolis, un roman graphique acclamé par la critique en 2000 et dans lequel elle fait le récit autobiographique de son enfance et adolescence pendant et après la révolution islamique iranienne de 1979. Cela fait 22 ans. « C’est le prix à payer, ajoute-t-elle. Mais risquer sa vie dans la rue est un sacrifice bien plus important. »

Elle observe la situation depuis la France. Elle se dit très inspirée par les manifestants. « Et l’énorme différence avec mon époque, c’est que les garçons n’étaient pas de notre côté, constate-t-elle dans l’article. Ce qui est bien maintenant, c’est qu’il y a des garçons et des filles ensemble. C’est ce qui me donne de l’espoir, même si toute cette violence me rend extrêmement triste. Il n’y a rien de plus beau et de plus inspirant que leur courage. »

Les femmes à l’avant-garde

En Iran, le code vestimentaire strict de la République islamique oblige notamment les femmes à porter le voile islamique. Et depuis la mort de Mahsa Amini, décédée pendant sa détention, les femmes sont à l’avant-garde des manifestations. Des écolières ont même organisé des rassemblements dans plusieurs régions au cours desquels elles ont retiré leur voile ou crié des slogans hostiles au régime.

Les manifestations, qui sont les plus importantes en Iran depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence, ont été réprimées dans le sang. Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon un dernier bilan de l’ONG Iran Human Rights basée à Oslo, alors qu’un bilan officiel fait état d’environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité.

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