Marine Le Pen, une rentrée politique en forme de coup double

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JULIEN DE ROSA / AFP

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Marine Le Pen photographiée à l’Assemblée nationale le 29 juin (illustration)

POLITIQUE - L’heure de la rentrée a sonné pour Marine Le Pen. Alors que son passage au 20 heures de TF1 jeudi soir a été reporté en raison du décès de la Reine Elizabeth II, la présidente — en congé — du Rassemblement national sera ce dimanche 11 septembre dans son fief d’Hénin-Beaumont, où elle a pris l’habitude de mettre un terme à ses vacances.

Ironie du sort pour les uns, vacherie calculée pour les autres : la députée du Pas-de-Calais s’exprimera depuis sa permanence parlementaire à midi, grillant ainsi la politesse à Éric Zemmour, dont le discours de clôture de ses universités d’été avait été programmé (et de longue date) le même jour à 14 heures.

Opération anti-Zemmour

Soit le point d’orgue d’une rentrée politiquement vitale pour l’ancien candidat à la présidentielle, au défi de pérenniser son mouvement après la déception de la présidentielle et la claque des législatives où il n’a pas réussi à faire élire un seul député, pas même lui.

De là à y voir une opération anti-Zemmour, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir dans les rangs du polémiste.

« Pendant la campagne, elle nous accusait d’avoir organisé notre meeting de Lille en même temps que le sien à Reims, c’est possible qu’elle veuille nous emmerder... », grince auprès du HuffPost un responsable influent au sein de Reconquête !.

Un soupçon qui amuse Sébastien Chenu. « Je comprends que ce soit valorisant pour eux de croire qu’on pense à eux, mais la braderie d’Hénin-Beaumont c’est tous les ans à la même période. Et sans vouloir être méchant, on s’en fout un peu de leur rentrée », rétorque le député du Nord.

« J’espère, et même je pense sincèrement, que ce n’est pas fait exprès », temporise de son côté le président de génération Z Stanislas Rigault, qui se serait toutefois bien passé de ce télescopage de calendrier, qui réveille immanquablement des rancunes dans chaque camp.

Car celles-ci n’ont pas toutes été digérées. « Les universités d’été de Reconquête ! seront l’occasion pour eux de méditer, et de s’apercevoir que la stratégie de gouvernement choisie par Marine Le Pen est la seule capable de mener au pouvoir », a taclé jeudi en conférence de presse le président — par intérim — du RN Jordan Bardella, candidat à la succession de Marine Le Pen.

Une petite pique qui montre que le Rassemblement national garde bien un œil sur ce qui se trame autour du polémiste, et qu’il est hors de question de le laisser entamer les chances de Marine Le Pen pour 2027, en lui accordant le moindre espace politique.

Exister en surplomp

Car même si, pour la première fois en cinquante ans, le parti à la flamme aura un président dépourvu du nom Le Pen, c’est bien elle qui devrait porter les couleurs du parti à la flamme lors de la prochaine présidentielle, malgré ses trois défaites consécutives. Les deux candidats à la tête du parti lepéniste, Jordan Bardella et Louis Aliot, « marinistes » revendiqués, ne cessent, en tout cas, de le répéter. D’où l’intérêt pour l’intéressée de reprendre la lumière, dans un contexte de concurrence médiatique sur sa gauche entre les défis gouvernementaux et la Nupes à l’Assemblée. Concernant le RN, l’attention se porte à ce stade sur la guerre de succession pour la présidence du parti, que d’aucuns craignent violente.

« Elle a goûté une forme de liberté en laissant les rennes à Jordan. Elle a une place singulière dans la vie politique. L’enjeu, maintenant, c’est de continuer de parler aux Français au-delà du RN ou de la vie parlementaire », décrypte Sébastien Chenu, qui souhaite que la candidate conserve une position en surplomb, afin d’éviter d’être « enfermée » par les enjeux partisans.

Dit autrement, se détacher encore plus de son parti au passé sulfureux et de sa réputation boutiquière, dans le but de parachever une « normalisation », perçue comme un préalable à l’accession au pouvoir. Une course de fond qui démarre donc à la grande braderie d’Hénin-Beaumont, qui n’est autre qu’un vide grenier. Pas idéal pour qui veut faire oublier le passé.

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