Marche contre la vie chère : La Nupes joue l’unité pour mieux converger le 18 octobre

POLITIQUE - « Olivier Faure et Philippe Poutou sur une même scène, c’est incroyable, j’aurais jamais cru voir ça », lance, un peu stupéfait mais ravi, un jeune manifestant à côté du camion principal qui parcourt le faubourg Saint-Antoine. Il n’y a pas si longtemps, c’est vrai, le NPA de Poutou refusait d’intégrer la Nupes à cause du PS de Faure. C’est désormais oublié, au moins en façade. À la marche contre la vie chère ce dimanche 16 octobre à Paris, les discours de Jean-Luc Mélenchon, du Premier secrétaire du Parti socialiste et de Philippe Poutou se sont succédé. Tout était calibré pour qu’il n’y ait pas de jaloux.

Dans les cortèges, les drapeaux de tous les partis se mélangent. Le violet de la Nupes domine, suivi du bleu et rouge de LFI. Mais les Jeunes du Parti socialiste affichent aussi fièrement leurs couleurs, à côté du vert des écologistes et du Parti de Gauche. Les confédérations syndicales n’ont pas répondu présentes, malgré toutes les tentatives des organisateurs. Qu’importe : les représentants des secteurs sont là, à l’image de la CGT union locale d’Alès, des enseignants ou des étudiants de Nanterre.

« Nous n’avons pas l’intention de nous diviser »

C’était le pari affiché par la Nupes : dépasser la stature de Jean-Luc Mélenchon et étaler l’union de cette alliance des gauches, qui parfois bat de l’aile, même si les cadres refusent de le reconnaître. « La Nupes a toujours été unie. On est là, tous ensemble dans la rue. Je suis désolé de vous décevoir mais nous n’avons pas l’intention de nous diviser », lance avec un demi-sourire Manuel Bompard, député LFI, devant la presse avant que le cortège s’ébranle.

Quelques instants plus tard, sa collègue de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain abonde. « Jean-Luc Mélenchon a appelé à cette marche. La Nupes l’a coorganisée », commence-t-elle par préciser, réfutant l’idée que cette manifestation est uniquement celle du fondateur de LFI. « Maintenant, on espère qu’elle va être de plus en plus large. Il faut que ce soit une marche qui appartienne à ceux qui sont là », conclut-elle.

Il n’empêche, lorsque Jean-Luc Mélenchon arrive - en retard - c’est la cohue et les acclamations. Certains affichent même sur leur poitrine l’autocollant de sa campagne présidentielle. L’ancien parlementaire sourit, serre des mains et envoie des bisous à un petit garçon qui, en équilibre sur les épaules d’un adulte, lui crie « Mélenchon je t’aime ! ». Sur son passage, nombreux sont ceux qui lui disent « merci ». Et quand le cortège se met enfin en marche, plus d’une demi-heure après l’horaire prévu, il est au premier rang, aux côtés de l’autrice nobélisée Annie Ernaux.

Mais il n’est pas seul. Sur la même ligne, toutes les composantes de la Nupes s’affichent tout sourire : Clémentine Autain, Olivier Faure et les écologistes Cyrielle Châtelain et Karima Delli. Pas très loin derrière, Philippe Poutou, ancien candidat du NPA à la présidentielle. Sans oublier Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris. Parmi les absents notables cependant, Yannick Jadot qui a préféré aller « faire du sport ».

De Jean-Luc Mélenchon à Olivier Faure, en passant par les écologistes Sandrine Rousseau ou Cyrielle Châtelain et le communiste Pierre Laurent, toute la Nupes s’est retrouvée dans la rue ce dimanche 16 octobre.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP De Jean-Luc Mélenchon à Olivier Faure, en passant par les écologistes Sandrine Rousseau ou Cyrielle Châtelain et le communiste Pierre Laurent, toute la Nupes s’est retrouvée dans la rue ce dimanche 16 octobre.

« Mardi, posez une journée, venez avec vos enfants, votre patron »

Ainsi entouré, Jean-Luc Mélenchon martèle le message principal : l’union contre la politique d’Emmanuel Macron. « C’est la grande conjonction, c’est nous qui la commençons avec cette marche qui est un immense succès », lance-t-il sous les applaudissements.

En retrait sur le camion, Olivier Faure nettoie ses lunettes avant de prendre la suite du leader LFI qui, une fois son discours terminé, descend du véhicule, comme pour laisser toute la lumière à son allié socialiste. Le message est identique : « Battons-nous dans les rues et à l’Assemblée pour faire en sorte que les superprofits soient enfin taxés. (...) Faites en sorte de rester unis. Même si nous avons des divergences, des différences - elles existent - faites en sorte de cultiver l’unité », harangue le patron du PS qui finit par un « Ensemble jusqu’à la fin, jusqu’à la victoire ». « Union populaire », scandent en retour les manifestants.

Viendra ensuite Léa Balage El Mariky, secrétaire générale adjointe d’EELV. Puis Philippe Poutou et les députés Benjamin Lucas et Sophie Taillé-Polian, du mouvement Génération.s. Encore et toujours, le même appel : rejoindre, mardi 18 octobre, la journée de mobilisation interprofessionnelle lancée par la CGT, FO, Solidaires et FSU. « Mardi, c’est la justice sociale. Soyons au rendez-vous avec les syndicats. Posez une journée, venez avec vos enfants, avec votre patron », ose Léa Balage El Mariky. Pas rancunière la Nupes, quand on se rappelle que les mêmes syndicats ont boudé la marche de ce dimanche, pour des raisons de calendrier et aussi de mésententes internes.

Questionné par Le HuffPost, Manuel Bompard tempère : « Notre initiative et celle des syndicats sont complémentaires. Il ne faut pas opposer l’une à l’autre », balaye-t-il.

Mélenchon croit à « un nouveau Front populaire »

Au micro du HuffPost, Michel Bidaux, retraité de l’enseignement professionnel et militant LFI, a bien entendu le message : « Mardi, je manifeste avec les salariés qui sont en grève, ceux qui les soutiennent et ceux qui sont mobilisés pour les augmentations de salaire. » De l’avis de tous, responsables politiques et manifestants, cette première journée n’est « qu’une première étape ».

« C’est le nombre qui va nous rendre crédible », martelait Clémentine Autain à la presse vers 14 heures Deux heures plus tard, les organisateurs revendiquaient 140 000 participants (contre 30 000 selon les autorités, soit un très large écart). « Nous avons d’ores et déjà réussi notre pari. Ce n’est qu’un début », pronostique Aurélie Trouvé, députée LFI au cœur de l’organisation de la journée. Les violences, redoutées par les autorités, n’ont été finalement que minimes.

À l’issue de cette marche, la Nupes se réjouit d’avoir redoré son image, notamment après une rentrée difficile, marquée par l’affaire des violences conjugales de l’insoumis Adrien Quatennens et de la mise en cause de Julien Bayou, suspecté de « violences psychologiques » sur une ex-compagne. L’union de la gauche est – à première vue - toujours vivante. Reste à savoir s’ils réussiront à l’élargir à la sphère syndicale mardi. Jean-Luc Mélenchon y croit fermement : « L’union populaire peut devenir un front populaire et nous le souhaitons tous ».

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