Marche contre l'antisémitisme: le témoignage de Claire, juive rescapée de la Seconde Guerre mondiale

Parmi la large foule qui défile ce dimanche 12 novembre contre l'antisémitisme à Paris se trouve Claire. Cette femme juive de 91 ans, qui a traversé la Seconde Guerre mondiale cachée en France, explique à BFMTV pourquoi il était évident pour elle de participer à la "grande marche civique" de ce dimanche.

"C'était un devoir, pour tous ceux que j'ai perdus, tous ceux qui sont partis et c'est un devoir aussi pour la nouvelle génération et tous ceux qui vont suivre", affirme-t-elle.

La France a le "devoir" de protéger les juifs

Alors que "pendant la guerre, on baissait la tête", Claire défile ce dimanche la tête haute. "La France ne nous a pas protégés" lors de la Seconde Guerre mondiale, "mais là, je pense que c'est son devoir, cette fois-ci, de le faire", estime cette femme juive.

Depuis les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre, les actes antisémites sont en recrudescence en France. Plus de 1.000 ont été recensés, soit "trois fois plus d’actes de haine contre nos compatriotes juifs en quelques semaines que pendant toute l’année passée", a déploré Emmanuel Macron dans une lettre aux Français publiée par le Parisien ce samedi. Il y a appelé à n'avoir "pas de tolérance pour l'intolérable".

Claire "aurait aimé" voir Emmanuel Macron à la marche

Cette lettre a été publiée alors que le chef de l'État a décidé de ne pas se rendre à la marche de ce dimanche. Il a expliqué samedi qu'il serait présent "par le cœur et par la pensée".

"Mon rôle est plutôt de bâtir l'unité du pays et d'être ferme sur les valeurs", de "prendre des décisions, de dire des mots quand il faut les dire et d'agir, sinon je peux manifester toutes les semaines", a-t-il aussi justifié.

Une absence que Claire regrette: "j'aurais aimé le voir" à la marche, dit-elle à BFMTV, citant en exemple François Mitterrand, qui avait marché en 1990 à Paris contre le racisme et l'antisémitisme, après la profanation de tombes juives à Carpentras, dans le Vaucluse, et François Hollande, qui avait participé en 2015 à la marche d'hommage aux victimes de l'attentat de Charlie Hebdo.

Une lettre "très forte"

Claire juge la lettre aux Français d'Emmanuel Macron "très forte", "mais ce n'est pas la même chose quand la personne est là", estime-t-elle. Dans ce texte, le chef de l'État a affirmé qu'"une France où nos concitoyens juifs ont peur n’est pas la France. Une France où des Français ont peur en raison de leur religion ou de leur origine n’est pas la France". "Qu’il soit religieux, social, identitaire ou racial, l’antisémitisme est toujours tel que le présentait Émile Zola: odieux", a-t-il aussi condamné.

Un cortège dense

Cette marche a réuni de nombreuses personnalités politiques, au premier rang desquelles les deux têtes du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, à l'initiative de cette marche, ainsi que la Première ministre Elisabeth Borne, les ex-présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande. Des représentants des cultes, plusieurs anciens chefs du gouvernement et de nombreux ministres étaient également aux avant-postes du défilé, plusieurs centaines de mètres en amont de la foule compacte de participants.

"Pour la République, contre l'antisémitisme": derrière une banderole reprenant le mot d'ordre de cette manifestation, la tête du cortège s'est élancée vers 15h10 depuis le parvis de l'Assemblée nationale.

Article original publié sur BFMTV.com