Manifestation contre l’extrême droite : Judith Godrèche livre un discours fort sur scène

L’actrice à l’initiative du mouvement #MeToo dans le cinéma a appelé à ne pas voter pour le Rassemblement national aux législatives.

MANIFESTATION - De tous les combats. Libératrice de la parole dans le monde du cinéma, l’actrice Judith Godrèche a délivré un discours puissant lors de la manifestation contre l’extrême droite ce jeudi 27 juin à Paris, à trois jours des élections législatives où le Rassemblement national fait largement la course en tête.

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« Je serai là tant que ce sera possible (...) pour frapper à toutes les portes et crier doucement que la marge, la différence, l’étranger, le binational, n’incarne pas l’ennemi », a clamé Judith Godrèche invitée sur scène. Ses mots, qui reprennent les thématiques favorites du RN, ont été accueillis par de généreux applaudissements.

« Ce n’est donc pas à vous que je parle maintenant. C’est à celles et ceux qui hésitent, doutent, qui sont tentés d’essayer l’extrême droite. Je comprends votre besoin de trouver un bouc émissaire, d’ancrer sa colère, sa peur, de choisir l’ennemi, de lui donner un visage. Mais dans la tombe, quand tout sera dit, qui sera là pour vous féliciter d’avoir choisi la haine ? », poursuit-elle. Et insiste : « Votre fragilité, votre douceur, votre douleur et vos peurs sont instrumentalisées. »

« Je m’appelle Judith Godrèche »

Très émue, elle poursuit : « Vous voyez peut-être en moi une enfant qui a été violée. Une jeune femme qui a été frappée. » C’est en dénonçant récemment sa relation avec le réalisateur Benoît Jacquot alors qu’elle était adolescente que l’actrice a permis au #MeToo cinéma français d’émerger. Une voix s’élève alors dans la foule : « Une femme courageuse ! » Elle sourit et une nouvelle fois, elle est acclamée.

Judith Godrèche a conscience d’être issue d’une classe favorisée. « Je ne prends pas le RER à 5 heures du matin pour garder les enfants des autres. Je ne retourne pas le soir dans ma chambre de bonnes vivre avec mes quatre enfants après avoir passé la journée à nettoyer les toilettes d’un lieu public ou jamais personne ne me dit bonjour », reconnaît-elle, ne prétendant pas pouvoir « parler au nom de (s)es sœurs ».

Mais continue : « Je m’appelle Judith Godrèche. Demain je peux tomber amoureuse d’une femme ou d’une personne transgenre. Demain, je peux oser vivre ma vie avec la liberté qui nous est due à toutes et à tous. Mais qu’en sera-t-il sous le RN ? »

Des milliers de personnes, à Paris mais aussi ailleurs en France, se sont retrouvées dans les rues pour protester contre la potentielle arrivée du RN au pouvoir. Dans la capitale, l’actrice Corinne Masiero ainsi que la leader de la CGT Sophie Binet ont pris la parole.

Des messages vidéo de l’humoriste Guillaume Meurice et de l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo ont été diffusés, alors que d’autres personnalités, comme la réalisatrice Alice Diop, sont intervenues pour défendre les « libertés » de « créer, exister, aimer, s’exprimer, manifester, informer, croire », mot d’ordre de ce rassemblement.

Les élections législatives ont été convoquées par Emmanuel Macron qui a dissous l’Assemblée nationale après les élections européennes du 9 juin. Le RN fait largement la course en tête dans les sondages, devant la coalition de gauche le Nouveau Front populaire. Le parti présidentiel est lui en troisième position, loin derrière.

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