Manifestation du 16 février : pourquoi les leaders syndicaux sont à Albi ?

National Union of Autonomous Trade Unions (Union nationale des syndicats autonomes - UNSA) General Secretary Laurent Escure (L), French Democratic Confederation of Labour (CFDT) union's general secretary Laurent Berger (3rdL), French CGT trade union General Secretary Philippe Martinez (C) and French Force Ouvriere (FO) union general secretary Frederic Souillot (2ndR) attend a demonstration on the third day of nationwide rallies organised since the start of the year, against a deeply unpopular pensions overhaul, in Paris on February 7, 2023. - France braced for new strikes and mass demonstrations against French President's proposal to reform French pensions, including hiking the retirement age from 62 to 64 and increasing the number of years people must make contributions for a full pension on February 7, 2023, a day after lawmakers started debating the contested bill. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)

MANIFESTATION - Rendez-vous en terre inattendue. Pour cette cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, les leaders de l’intersyndicale ont fait le choix de défiler à Albi, préfecture du Tarn, en région Occitanie. Cette ville de 50 000 habitants accueille ce jeudi 16 février le gratin des forces syndicales : de Philippe Martinez (CGT) à Laurent Berger (CFDT), en passant par Frédéric Souillot (FO) et les leaders des sept autres organisations syndicales qui luttent contre la réforme des retraites du gouvernement Macron.

Selon les syndicats, environ 20 000 personnes avaient manifesté dans la préfecture du Tarn lors de la manifestation du samedi 11 février; elles étaient 6000 selon la police. Un record pour cette ville de la « France rurale ». Ils en attendent 10 000 de plus pour cette nouvelle journée de mobilisation. Depuis Albi, le secrétaire général de la CGT a dit son envie de « maintenir la mobilisation ».

Mais pourquoi les forces syndicales ont porté leur choix sur cette ville ? La raison est doublement symbolique. D’abord, parce qu’Albi se situe dans la région d’une des figures historiques de la gauche française : Jean Jaurès. L’enfant du pays, qui a vu le jour à Castres a été député du Tarn et son combat pour les mineurs de la carrière de Carmaux reste très vivace dans la mémoire des Tarnais.

En prenant la décision de défiler en dehors de Paris, dans une moyenne ville, les chefs de file syndicaux veulent aussi prouver, démonstration à l’appui, que le rejet de ce projet de loi est massif et généralisé. Et le gouvernement doit entendre la grogne sociale qui monte dans cette France des territoires. C’est ce que Le HuffPost avait pu mesurer dans le cortège à Laval (Mayenne) le 7 février dernier.

Mais derrière la volonté affichée des syndicats d’ancrer la mobilisation dans les petites villes, se cache également une décision stratégique. En effet, le département du Tarn se situe en Zone C. Les vacances scolaires n’ont dont pas encore démarré, ce qui pourrait garantir un cortège plus garni que dans d’autres villes de taille moyenne des zones A et B.

Un cortège trop clairsemé à Paris ?

En outre, cette 5e journée de mobilisation s’annonce beaucoup moins suivie que les précédentes. En témoignent les faibles perturbations dans les transports : trafic quasi normal sur le réseau RATP et 4 TGV sur 5 devraient rouler sur les rails de la SNCF. Même son de cloche dans l’Éducation nationale où les chiffres annoncés par le ministère à la mi-journée sont les plus faibles depuis le 19 janvier.

Dans cette situation, l’idée de braquer les caméras sur Albi plutôt que sur la capitale pourrait s’avérer efficace. En cas de faible mobilisation à Paris, cela permettrait à l’intersyndicale d’orienter le discours médiatique sur le succès de la manifestation albigeoise.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi