Maltraitance en crèche : Aurore Bergé souhaite des contrôles « beaucoup plus systématiques »

Une manifestante présente une banderole indiquant « Quelle est l’étape suivante ? Uber-Bébé ? » lors d’une manifestation organisée par des éducateurs de crèches à Paris, le 6 octobre 2022.
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

FRANCE - Plus d’encadrants et plus de contrôles : c’est ce que souhaite mettre en place l’exécutif en réaction à la publication d’enquêtes sur les dérives de certaines crèches privées, rappelant inévitablement celles observées dans des Ehpad. Mais ces mesures risquent de se confronter à la pénurie de personnels qui frappe ce secteur.

Cinq mois après le rapport choc de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la prévention de la maltraitance dans les crèches, deux livres-enquêtes mettent en lumière le mode de fonctionnement de certaines de ces structures privées à but lucratif.

Vers davantage de contrôles « inopinés »

Portions de repas rationnées, soins minutés… « Le prix du berceau » (Seuil), à paraître vendredi 8 septembre, décrit un système « déshumanisé » basé sur la course au rendement et au remplissage.

Sorti ce jeudi 7 septembre, « Babyzness » (Robert Laffont) brosse également, au travers de 200 témoignages, le tableau d’un secteur privé dominé essentiellement par quatre grands groupes : Les Petits Chaperons rouges, Babilou, La Maison Bleue, People & Baby.

Réagissant pour la première fois ce jeudi à ces deux publications, la ministre des Solidarités Aurore Bergé a rappelé l’engagement pris par le gouvernement de renforcer les contrôles, après le rapport de l’Igas publié au printemps et qui concernait les crèches privées et publiques.

« Nous devons renforcer les contrôles et évidemment les revaloriser (le personnel) », a-t-elle déclaré. Ces contrôles, assurés notamment par les centres de protection maternelle et infantile (PMI), ont vocation à devenir « beaucoup plus systématiques » et « inopinés », a-t-elle poursuivi au micro de BFMTV-RMC.

Par ailleurs, l’exécutif entend également « changer la loi dès le mois de septembre » pour pouvoir se rendre au siège de ces grands groupes privés, a-t-elle annoncé.

Il faut dire que jusqu’à présent, l’État n’avait pas le droit de se rendre au siège de ces entreprises privées « pour dire ’maintenant je veux tous les documents, je veux les contrats de travail, avoir accès à vos comptes’ », a expliqué la ministre, qui déplore cette situation.

Parallèlement, le taux d’encadrement devrait être revu à la hausse et passer d’un adulte pour cinq enfants, contre six actuellement, a indiqué Aurore Bergé.

Une meilleure régulation du secteur privé

En France, les crèches privées totalisent 80 000 places, soit 20 % des places disponibles. Les autres établissements sont des crèches municipales, associatives ou familiales.

Après les déclarations d’Aurore Bergé, Julie Marty Pichon, représentante du collectif « Pas de bébés à la consigne » les a qualifiés de « vœux pieux » auprès de l’AFP. « On n’a pas les bras, on n’a pas les professionnels, on n’a pas les qualifications », dit-elle. La situation va être difficile « pour les trois, quatre prochaines années ».

Avant cette prise de parole, plusieurs acteurs du secteur avaient d’ailleurs mis en garde contre des mesures a minima, certains prévenant qu’un renforcement des contrôles ne « suffira(it) pas ».

« La mise en œuvre d’un service public de la petite enfance nécessite d’articuler exigence de qualité pour les enfants, encadrement des prix pour les familles et bon usage des fonds publics », a estimé l’Union nationale des associations familiales (Unaf). « Cela suppose une régulation bien plus ferme de la place du secteur du privé lucratif dans le champ de la petite enfance ».

De son côté, la fédération des entreprises de crèche (privées) a exhorté à ne pas « jeter l’opprobre sur tout un secteur » et ne pas tirer de « généralités » à partir d’« exceptions ».

Les révélations sur les crèches privées évoquent forcément le scandale Orpea révélé dans le livre « Les Fossoyeurs » en janvier 2022, détaillant malversations financières et mauvais traitements infligés aux résidents et aux salariés du géant des maisons de retraite.

Tout comme dans le dossier des Ehpad, la marge de manœuvre de l’exécutif s’annonce étroite dans les crèches, tant le secteur est confronté à une pénurie de main-d’œuvre, avec près de la moitié des établissements manquant de personnel.

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