Mali : la junte au pouvoir embarrassée après le crash d’un avion militaire soupçonné d’être utilisé par Wagner

INTERNATIONAL - Une annonce embarrassante. Ce mercredi 27 septembre, la junte au pouvoir au Mali a finalement évoqué la perte d’un lieutenant-colonel tué, selon des proches, à bord de l’avion qui s’est écrasé samedi à Gao, faisant un nombre élevé mais inconnu de victimes.

Totalement silencieuses depuis les faits, les autorités maliennes ont donc évoqué de manière indirecte et pour la première fois ce crash aérien par l’intermédiaire de cette disparition d’un haut gradé. Mais dans l’hommage rendu au lieutenant-colonel Moussa Traoré, l’armée malienne se garde bien de préciser les circonstances de sa disparition et se contente de dire qu’il est mort samedi à 62 ans « au cours du service aérien commandé ».

Pourtant, l’officier se trouvait bel et bien dans l’avion de transport qui s’est écrasé samedi, comme l’ont indiqué des membres de sa famille et un responsable militaire s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, compte tenu du silence radio autour de ce drame.

Une vidéo décrite comme montrant la catastrophe circule d’ailleurs abondamment sur les réseaux sociaux depuis ce mercredi. On y voit un appareil ressemblant à un Iliouchine 76 de conception soviétique en phase d’atterrissage n’arrivant à s’immobiliser en bout de piste avant de finalement s’abîmer dans un nuage de flammes et de fumée.

En revanche, l’origine de la vidéo n’a pu être identifiée formellement par l’AFP.

Des liens avec le groupe Wagner

Différents responsables ont indiqué dès dimanche que l’appareil appartenait à l’armée malienne et transportait des membres du groupe Wagner, et que le bilan humain était lourd.

La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2020 est soupçonnée de s’être adjoint les services de cette société paramilitaire russe aux agissements décriés, en même temps qu’elle rompait avec l’allié militaire français. Elle a depuis aussi poussé vers la sortie la mission de l’ONU, qui devra avoir quitté le pays fin 2023.

En revanche, la junte dément la coopération avec Wagner et parle de présence d’instructeurs de l’armée russe l’aidant à combattre les jihadistes. Les agissements de ces alliés sont entourés de la plus grande discrétion, mais ils sont régulièrement accusés d’exactions.

Les autorités maliennes n’ont à ce jour communiqué aucun élément sur les faits survenus à Gao. Pour autant, les obsèques du lieutenant-colonel Traoré ont eu lieu mardi en présence du ministre de la Défense, des chefs d’état-major et du colonel Sadio Camara, réputé pour être proche de la Russie.

Le lieutenant-colonel Traoré avait participé à plusieurs missions intérieures et extérieures, et reçu différentes distinctions, a déclaré l’armée malienne. Il avait aussi suivi une formation de technicien supérieur en mécanique en Russie, dit-elle. Il faut dire qu’un certain nombre d’officiers maliens ont reçu des formations en Russie.

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