Malaise au Portugal après les propos du président Marcelo sur la pédophilie dans l’Église

La une du “Jornal i” du 12 octobre 2022.. JORNAL I
La une du “Jornal i” du 12 octobre 2022.. JORNAL I

Reculade ou mauvaise interprétation ? Toujours est-il que le président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, plus communément appelé Marcelo, “est sous le feu des critiques à cause de la pédophilie dans l’Église”, annonce en une, ce 12 octobre, le Jornal i. Une petite phrase, prononcée hier face à des journalistes, a en effet déclenché une polémique et suscité l’incrédulité de la classe politique. “De gauche à droite, les critiques sont nombreuses”, précise le quotidien en manchette.

Le chef de l’État a estimé que les 424 cas d’agressions sexuelles présumées récemment recensés au sein de l’Église portugaise ne représentaient pas un nombre “particulièrement élevé”, par comparaison avec d’autres pays. Une sortie aussitôt attaquée par Pedro Filipe Soares, député du Bloc de gauche, qui y a vu “une insulte aux plus de 400 victimes”.

À l’autre bout de l’Assemblée de la République, André Ventura, leader du parti d’extrême droite Chega, a qualifié ces déclarations de “malheureuses”. “Une victime d’abus sexuel, même s’il ne s’agit que d’une seule, serait déjà très grave”, a-t-il écrit sur Twitter.

Fervent catholique

Marcelo a finalement rectifié le tir, un peu plus tard, dans une note sur le site de la présidence, puis au micro de deux chaînes de télévision dans la soirée. Le président a souligné que ce nombre n’était pas élevé “au regard de la triste et probable réalité, au Portugal ou ailleurs dans le monde”, décrite dans “plusieurs rapports”, avant d’ajouter sur la RTP, la télévision publique :

“Si vous voulez mon avis, je pense que les cas sont bien plus nombreux et j’espère qu’ils pourront être rapidement traduits en justice.”

Aussi le président conservateur, élu en 2016 et largement réélu en 2021, ne comprend-il pas pourquoi ses propos ont été mal interprétés. Fervent catholique, Marcelo a rejeté l’idée que sa foi puisse obscurcir son jugement lorsqu’il s’agit d’abus sexuels au sein de l’Église.

Depuis janvier et jusqu’à la fin de l’année, une commission indépendante, composée de six experts et créée à l’initiative de l’Église portugaise, s’emploie donc à recueillir des témoignages pour faire la lumière sur la question des violences sexuelles sur les “mineurs et les adultes vulnérables” dans un pays à forte tradition catholique. Une commission inspirée de celle présidée par Jean-Marc Sauvé, qui avait révélé l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église française.

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