La majorité divisée face à la loi immigration? Houlié juge "inutiles" les quotas envisagés par Darmanin

Sacha Houlié a pris ses distances avec la proposition du ministre de l'Intérieur qui cherche à convaincre la droite de voter son projet de loi immigration. Ce n'est pas la première fois que le député Renaissance manifeste son désaccord avec Gérald Darmanin.

Des propos qui pourraient mettre la pagaille au sein de la majorité. À quelques semaines de l'arrivée du projet de loi immigration au Sénat, le président de la commission des Lois de l'Assemblée nationale Sacha Houlié dit non à une partie des orientations choisies par Gérald Darmanin.

"Les quotas, plus qu'une ligne rouge, sont inutiles", a jugé ce mardi matin l'élu Renaissance sur France 2.

"Ces fameux quotas, si on les dépasse, et bien on n'aurait pas prévu assez et puis si on en prévoit un nombre très insuffisant, on va mettre des secteurs en pénurie", a-t-il estimé.

Un geste sur les quotas pour convaincre les LR

Le ministre de l'Intérieur a pourtant tendu la main aux Républicains, dont le soutien est crucial pour espérer faire adopter ce texte, en se disant fin janvier prêt "à discuter de quotas pour limiter les régularisations" auprès du Parisien.

Sans grand succès pour l'instant. La droite a déjà fait connaître ses reproches sur un texte qu'elle juge "insuffisant". Partisan d'une ligne dure sur ce sujet hautement inflammable, Éric Ciotti, le numéro 1 du mouvement, a fustigé le futur projet de loi en brandissant notamment le spectre de régularisations massives.

Dans le viseur de la droite : la création d'un titre de séjour spécifique pour les travailleurs irréguliers exerçant dans un secteur qui manque de main-d'œuvre comme la construction ou la restauration.

Déjà un bras de fer sur le vote des étrangers

Ce n'est pas la première fois que Sacha Houlié, souvent considéré comme l'un des membres de l'aile gauche de la majorité et Gérald Darmanin, issu des bancs de la droite, étalent publiquement leurs divergences.

En août dernier, le député Renaissance de la Vienne avait ainsi déposé une proposition de loi constitutionnelle "visant à accorder le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales" à tous les étrangers.

La réponse du ministre de l'Intérieur ne s'était alors pas fait attendre. "Le ministre de l'Intérieur est fermement opposé à cette mesure", avait rapidement indiqué son entourage auprès de BFMTV.

Pas d'accord sur l'expulsion des logements sociaux

Bis repetita à l'automne quand le locataire de la place Beauvau appelle sur notre antenne à la "généralisation d'expulsion des logements sociaux des familles" de délinquants, en précisant qu'il convenait d'écarter de cette sanction les familles en difficulté comme les familles monoparentales.

"Je pense que ça n'est pas constitutionnel et par ailleurs, ça n'est pas souhaitable", lui avait répondu quelques jours plus tard Sacha Houlié.

Les dissensions entre les deux hommes ont cependant un certain sens politique, permettant d'adresser à la fois des clins d'œil à la droite tout en permettant aux députés plus à gauche de Renaissance de se sentir entendus.

La majorité présidentielle s'était divisée en 2018 sur le projet de loi asile-immigration, suscitant la colère d'une partie des députés Renaissance (alors La République en marche). De quoi pousser le ministre de l'Intérieur à surjouer sa proximité avec des élus un temps socialistes, comme le ministre du Travail Olivier Dussopt, qui défendra le texte avec lui devant le Parlement.

Article original publié sur BFMTV.com

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