Des mains coupées pour signifier la victoire : première preuve d’un rituel macabre dans l’ancienne Égypte

Pour compter le nombre d'ennemis tués à la bataille, les Hyksôs, souverains égyptiens originaires du Proche-Orient, avaient coutume de couper leur main droite. La première preuve archéologique de cette pratique a été découverte dans leur ancien palais d'Avaris.

À la guerre, il ne suffit pas de vaincre, il faut aussi pouvoir triompher. Autrement dit, il faut pouvoir clamer sa victoire et la prouver concrètement aux yeux de tous. Dans le royaume des Hyksôs, qui s’est établi dans le nord de l’Égypte vers 1640 avant notre ère (15e dynastie), c’est en coupant les mains des vaincus que la victoire s’incarnait. Comme le relate une étude publiée dans la revue Scientific Reports, la première analyse ostéologique d’une douzaine de mains enterrées dans le palais de l’ancienne capitale Avaris (aujourd’hui Tell el-Dab’a) tend à confirmer ce que les sources épigraphiques et iconographiques laissaient entendre. Ce rituel macabre, sans doute originaire du Levant, était partie intégrante de la cérémonie de "l'or de la récompense" et servait de démonstration de force tout en consolidant le pouvoir des souverains. La coutume s’est ensuite imposée lorsque les pharaons égyptiens ont repris le contrôle de la ville.

Des mains coupées pour signifier la victoire : première preuve d’un rituel macabre dans l’ancienne Égypte

Dans l'est du delta du Nil s’est établi entre 1640 et 1530 avant notre ère, au cours de l’âge du bronze moyen, un royaume dont les souverains, les mystérieux Hyksôs – littéralement "les souverains venus de contrées étrangères" –, n’étaient pas égyptiens, mais venaient de l’ouest du Proche-Orient. Entre 1966 et 2011, l’égyptologue autrichien Manfred Bietak a dirigé 75 campagnes de fouilles dans l’ancienne capitale Avaris, afin de savoir comment ils se sont imposés dans la région et quelles étaient leurs traditions. Avec son équipe, il est arrivé à la conclusion qu’au cours des dynasties précédentes, une grande partie de la population de la ville portuaire n’était pas d’ascendance locale. Dans cette région qui était habitée par une population multiculturelle, une élite étrangère originaire du Levant – comme en attestent les noms des futurs souverains, mais aussi l’architecture et le mobilier –, aurait donc réussi à s’imposer de l’i[...]

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