Main Square, Garorock... Comment s'éclater sans tuer la planète?

Ce premier week-end de juillet se tiennent deux gros festivals, en France: Garorock et le Main Square. (Photo d'illustration) (Photo: gilaxia via Getty Images)
Ce premier week-end de juillet se tiennent deux gros festivals, en France: Garorock et le Main Square. (Photo d'illustration) (Photo: gilaxia via Getty Images)

Ce premier week-end de juillet se tiennent deux gros festivals, en France: Garorock et le Main Square. (Photo d'illustration) (Photo: gilaxia via Getty Images)

ENVIRONNEMENT - Alors même qu’Angèle, DJ Snake et Niska ont ouvert le bal en grande pompe, les festivités du Main Square Festival, à Arras, se poursuivent ce samedi 4 juillet, avec au programme une flopée d’artistes incontournables.

La programmation est alléchante. Le nombre de festivaliers, forcément conséquent. L’événement musical, fondé en 2004, a réuni en 2019 près de 125.000 personnes. Un chiffre qui, comme pour de nombreux festivals qui se tiennent ce week-end, à l’instar du Fnac Live, de Garorock ou des Eurockéennes, pose certaines questions à l’égard de son impact sur l’environnement.

En 2019, une étude menée par le cabinet Enerys a estimé le bilan carbone d’un festival regroupant 50.000 personnes à environ 1000 tonnes équivalent CO2. Comme le souligne le magazine Néon, c’est à peu de choses près similaire à 400 allers-retours Paris-New York en avion ou encore l’émission de gaz à effet de serre de 100 Français pendant un an.

Venir en voiture, oui mais à une condition

Face à ce constat, comment, en tant que festivalier, peut-on contribuer à réduire cette empreinte carbone? Comment faire la fête en festival sans saccager davantage la planète? Le maître-mot: sobriété. Zoé Mary, porte-parole de l’association écolo Alternatiba, a glissé au HuffPost quelques conseils pour s’en approcher.

Le premier réflexe, c’est de réfléchir à son moyen de transport pour se rendre sur les lieux. “C’est le premier poste de pollution”, nous dit-elle. À We Love Green, par exemple, cela représente 85% de son impact sur l’environnement, d’après le site internet de l’événement. “Venir en voiture, c’est ce qui pollue le plus. Et ce, de très très loin”, poursuit Zoé Mary. Il faudrait, selon elle, privilégier le vélo, les transports en commun et le covoiturage, soit trois formes de “mobilité douce”.

Au niveau individuel, continue la militante, le plus important, “c’est le zéro déchet”. On le sait, quand on part en voyage ou en festival pendant plusieurs jours, il est difficile de garder de bonnes habitudes, comme acheter en vrac ou faire attention aux emballages plastiques. C’est quand même possible. Exit les bouteilles d’eau jetables, on emporte avec soi une gourde (ou à minima un écocup).

Mégots et bouchons d’oreille à proscrire

Vient ensuite la question de la restauration. C’est le deuxième poste d’émissions de gaz à effet de serre sur un festival, nous assure la spécialiste. “Financièrement, on ne peut pas forcément se permettre de manger ce qui est proposé sur les lieux quand on y reste trois jours d’affilée, nuance-t-elle. Cependant, sur une journée, ça vaut le coup.”

Il convient toutefois de regarder ce qui est servi. Est-ce que c’est de la nourriture locale? Est-ce que c’est bio? Est-ce que c’est végétarien? “On n’a pas forcément besoin de manger de la viande pendant un jour ou deux”, souffle Zoé Mary. La production de viande est, rappelons-le, particulièrement gourmande en eau, en céréales et en terres. Elle représente près de 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Quant aux fumeurs, ils le savent sans doute déjà: ne pas jeter son mégot par terre est une évidence. “Ils polluent les sols et les eaux très rapidement”, rappelle la porte-parole d’Alternatiba. Et pourtant, on en trouve encore beaucoup sous nos pieds. Un cendrier de poche, comme on en donne souvent à l’entrée des festivals, est de mise.

En matière de bouchons d’oreille jetables, là aussi, ils sont censés finir à la poubelle. Le mieux reste encore de s’en procurer des réutilisables. Des modèles accessibles sont en vente entre 7 et 10 euros, nous précise la connaisseuse. “Ils sont de meilleur qualité et simples à nettoyer. Surtout, ça nous évite d’avoir à les jeter après s’en être servi une seule fois”, poursuit-elle.

Aux organisateurs de réduire l’impact

Mais voilà, l’ensemble de ces réflexes, comme prendre trente secondes pour analyser une poubelle avant d’y jeter ses déchets, a ses limites. Pour Zoé Mary, tout ne doit pas venir des festivaliers. “C’est surtout le festival en lui-même et ses organisateurs qui vont vraiment pouvoir réduire les émissions de gaz à effet de serre”, alerte la militante.

Des efforts ont été faits. La démocratisation de l’écocup en festival peut en témoigner. Pour Zoé Mary, ça ne suffit pas. ”Ça ne doit pas s’arrêter à la simple réduction des déchets, estime-t-elle. Ça demande de réfléchir plus en profondeur le festival en lui-même.”

Comment faire venir les artistes et les festivaliers? Qu’est-ce qu’on leur fait à manger? Quelle énergie utiliser? Peut-on mutualiser le matériel technique? La communication autour du festival peut-elle se passer d’affiches et de prospectus? Un récent rapport du Shift Project a montré qu’en réduisant les jauges de festivaliers, on pouvait réduire l’empreinte carbone d’un festival rapidement. Faut-il arrêter les gigantesques regroupements? Certaines questions méritent d’être soulevées et ne privent pas les festivaliers de leur liberté de s’amuser.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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