Mafia et finance : la crise favorise les liaisons dangereuses

A qui profite la crise ? Aux mafias du monde entier, répond Roberto Saviano. Dans deux articles publiés le même jour (lundi 27 août) dans La Repubblica et le New York Times, le journaliste et écrivain italien montre à quel point la crise financière a fait l’objet d’un business planétaire pour les réseaux mafieux. Retwitté le jour même par l’économiste Nouriel Roubini, traduit en grec et publié dans I Kathimerini, l’article de Saviano a suscité depuis de nombreuses réactions.

Que dit l’auteur de Gomorra ? En substance, que les intérêts mutuels des banques et des organisations mafieuses n’ont fait que progresser depuis l’éclatement de la crise financière.

La démonstration est limpide. Reprenant une idée développée dès 2009 par Antonio Maria Costa, alors directeur de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, il explique qu’au plus fort de la crise, les “gains des organisations criminelles ont constitué le seul capital d’investissement liquide dont disposaient certaines banques”. Comme l’ont montré les études du FMI, entre janvier 2007 et septembre 2008, les banques européennes et américaines ont perdu plus d’un milliard de dollars en titres toxiques et crédits non exigibles.

“Il est donc possible de déterminer le moment précis où les organisations criminelles italiennes, russes, balkaniques, japonaises, africaines, indiennes, sont devenues déterminantes pour l’économie mondiale. A savoir : au second semestre de l’année 2008, quand le manque de liquidités est devenu le principal problème du système bancaire”, écrit Saviano dans La Repubblica.

HSBC et les cartels mexicains

De récents scandales, souligne Saviano dans l’article du New York Times, ont confirmé les relations incestueuses entre “bankers” et “gangsters”. Depuis le mois dernier, la justice américaine enquête en effet sur le rôle de la banque britannique HSBC dans une affaire de blanchiment d’argent sale issu des cartels de la drogue mexicains. S’appuyant sur un rapport accablant du Sénat américain, le New York Times a révélé que la filiale mexicaine de HSBC avait transféré 7 milliards de dollars d’argent sale des cartels vers HBUS, la filiale américaine de HSBC. La banque aurait aussi contourné les lois américaines pour transférer de l’argent en direction de régimes soumis à des sanctions américaines, l’Iran, le Soudan et la Corée du nord. Mais HSBC n’est pas la seule. ABN Amro, Barclays, Credit Suisse, Lloyd’s ou encore ING ont admis avoir effectué des transactions avec Cuba, la Libye, le Soudan, etc.

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