Macron a réussi “à liguer le pays tout entier contre lui”

La “dernière aventure” d’Emmanuel Macron a tout d’une vraie galère, raille The Spectator. Grimé en Tintin, à la une de l’hebdomadaire conservateur britannique, le chef de l’État français slalome entre les manifestants, les poubelles et les incendies dès l’entame de son second mandat à l’Élysée.

“À chaque génération, ou presque, la vie politique française se décide dans la rue”, constate le chroniqueur Jonathan Miller, dans ce numéro à paraître samedi 1er avril. Après 1968 et 1995, 2023 vient compléter la liste. “L’esprit révolutionnaire est tellement ancré dans la société française qu’il existe une force de police spécialisée dans la gestion des foules en colère”, raille le Britannique, résident du sud de la France, en référence aux CRS, unités sans équivalent outre-Manche.

Sur la question des retraites, pourtant, Emmanuel Macron a mille fois raison, assène Miller. La France vit “au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps”. Sa réforme, utile et nécessaire, vise à “sauver le système” par répartition. “Et ne sera sans doute même pas suffisante pour y parvenir”, prédit l’auteur de “France, a Nation on the Verge of a Nervous Breakdown” (La France, une nation au bord de la crise de nerf, non traduit en français). Les manifestants et les grévistes, de leur côté, se comportent “comme si on pouvait dépenser sans compter puis s’énerver au moment de payer l’addition”.

Liguer le pays contre lui

Mais l’approche inflexible du chef de l’État, dans le même temps, suscite le malaise. “Il a peut-être fait un très mauvais calcul.” Au point de s’enfoncer “dans le déni”, lâché, même, par “les journalistes qui l’adulaient” et des membres de son gouvernement aux ambitions à peine dissimulées :

“Il n’y a pas si longtemps, Macron espérait gouverner la France mais aussi l’Europe de l’après-Merkel. Aujourd’hui il se retrouve piégé par son manque d’intérêt pour les affaires courantes. Il est apparemment bien plus attiré par la scène internationale que par la tâche ingrate de diriger le pays.”

“S’il compte tenir tête à son pays, il va vite se rendre compte que les Français sont tout aussi entêtés”, annonce Miller. Sondage après sondage, une majorité significative d’interrogés assure soutenir le mouvement. Malgré les violences, contrées “de la seule manière enseignée dans les écoles de police française : avec des gaz lacrymogènes et des matraques”. Macron pensait, “à juste titre”, pouvoir réformer la France radicalement. “Mais tout ce qu’il a réussi à faire pour l’instant, c’est de liguer le pays tout entier contre lui.”

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