Macron promet une « initiative d’ampleur » pour la rentrée : une nouvelle méthode déjà critiquée

L’Élysée a précisé les contours de cette initiative présidentielle, qui portera sur l’écologie, les services publics, le travail, l’ordre, le progrès ou l’immigration.

« Initiative politique d’ampleur » : que sait-on de la nouvelle méthode promise par Macron (ici le 17 janvier), et déjà critiquée par les oppositions ?
« Initiative politique d’ampleur » : que sait-on de la nouvelle méthode promise par Macron (ici le 17 janvier), et déjà critiquée par les oppositions ?

POLITIQUE - Attention, nouvelles règles ? Dans les commentaires faits devant plusieurs journalistes en marge de son voyage officiel dans le Pacifique fin juillet, Emmanuel Macron a dressé son premier bilan des émeutes qui ont secoué la France, mais s’est aussi projeté sur la rentrée à venir. Avec une promesse : « une initiative politique d’ampleur » à la fin du mois d’août. Et un but : « essayer de réunir autour d’un projet clair et simple tous ceux qui veulent s’y retrouver, sans leur demander d’adhérer à tout », selon des propos rapportés dans un article du Figaro Magazine.

Le chef de l’État donne peu de détails sur les contours et la teneur de cette « initiative » mais il précise qu’elle ne visera pas à « créer des coalitions ». Ce qui ressemble fort, pour l’instant, à cette première année chaotique à l’Assemblée où le camp présidentiel a tenté de dégager des majorités de circonstances, texte par texte.

Écologie, services publics, travail, ordre

Selon Emmanuel Macron, cette « initiative » doit intervenir « au moment où la France va accueillir de grands événements sportifs », la Coupe du monde de rugby en septembre puis les Jeux olympiques et paralympiques à l’été 2024, ajoute-t-il toutefois. De leur côté, les services de l’Élysée ont souligné auprès de l’Agence France-Presse que l’initiative présidentielle porterait sur des thèmes tels que l’écologie, les services publics, le travail, l’ordre, le progrès, l’immigration.

Autant de sujets érigés en priorités par le chef de l’État au fil des derniers mois. Au Figaro Magazine, il explique par exemple vouloir « remettre » de l’« autorité démocratique », de l’« autorité à l’école » et de l’« autorité parentale » face au « délitement de la ­famille ».

En clair, Emmanuel Macron proposera « aux forces politiques de l’arc républicain une série de rencontres pour déterminer des projets sur lesquels cheminer ensemble », selon les mots des conseillers du chef de l’État à l’AFP. En se référant à cette expression d’« arc républicain », l’Élysée montre qu’il entend exclure de cette démarche le Rassemblement national de Marine Le Pen et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

En juin 2022, le chef de l’État avait déjà invité au Château des responsables de l’opposition après les élections législatives et l’avènement d’une majorité relative au Palais Bourbon. Le but, à ce moment-là, était d’« identifier les solutions constructives envisageables au service des Français », selon le vocable de l’Élysée. Mais à l’époque, la cheffe du Rassemblement national Marine Le Pen et Adrien Quatennens pour la France insoumise étaient conviés, comme le reste des partis représentés à l’Assemblée nationale.

« Tous les deux ou trois mois il sort une initiative nouvelle… »

Un an plus tard, il n’est pas surprenant de voir que cette nouvelle « initiative », énième « méthode » de concertation promise par l’exécutif, reçoit un accueil bien mesuré, voire critique des oppositions. Même chez les formations politiques censées être les plus enclines à accepter la main tendue du camp présidentiel.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, par exemple, regrette la marginalisation de LFI au même titre que le RN en réagissant à la référence de « l’arc républicain ». « Ce n’est pas à Jupiter de décider qui est dans la République. Toute la gauche l’a portée. Pas l’extrême droite qui s’y est opposée, a ainsi écrit Olivier Faure sur Twitter (devenu « X ») mercredi soir. Aucun rapport entre les valeurs d’inclusion de la gauche et celles de l’extrême droite xénophobe. La vie ce n’est pas toujours “en même temps”. Il faut choisir. »

Invitée de LCI ce jeudi matin, la députée écologiste Sandrine Rousseau a, elle, critiqué la « mise en scène » d’un président « apeuré » et « incapable » de trouver des réponses aux crises, notamment aux émeutes qui ont traversé le pays. Pour elle, cette « initiative », s’apparente à « un grand événement descendant où il (Emmanuel Macron) décide qui va participer, qui ne va pas participer. » « Je n’attends pas une mise en scène, j’attends quelque chose de très concret », et non « cette espèce de réflexe macroniste, dès qu’il y a une crise on le met en scène dans un grand débat, un événement. »

De l’autre côté du spectre politique, Othman Nasrou, un cadre des Républicains est tout aussi sceptique. « On a eu à chaque fois des initiatives toutes malheureusement décalées par rapport à ce qu’il faudrait faire », a déploré le premier secrétaire général délégué du parti mercredi soir sur BFMTV, en évoquant « le sentiment que l’histoire est un éternel recommencement. Tous les deux ou trois mois il sort une initiative nouvelle qui ne débouche sur rien alors que le pays attend un cap politique clair. » Emmanuel Macron est prévenu, les choses ne seront pas plus simples à la rentrée.

VIDÉO - Un mois après les émeutes, le constat d'Emmanuel Macron