Macron lance son CNR, à mi-chemin entre le Grand Débat et la Convention citoyenne

Emmanuel Macron, ici en 2019 lors d’une session du « Grand Débat » s’apprête à lancer son Conseil national de la refondation
LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron, ici en 2019 lors d’une session du « Grand Débat » s’apprête à lancer son Conseil national de la refondation

LUDOVIC MARIN / AFP

Emmanuel Macron, ici en 2019 lors d’une session du « Grand Débat » s’apprête à lancer son Conseil national de la refondation

POLITIQUE - Serait-ce le Conseil National de la Redite ? Emmanuel Macron ouvre ce jeudi jeudi 8 septembre, le CNR (le Conseil National de la Refondation), qu’il avait promis avant les élections législatives. Une nouvelle instance, boudée par toute l’opposition et de nombreux syndicats, qualifiée de « truc » ou de « bidule » par les plus sceptiques, censée répondre, malgré tout, à la crise démocratique qui parcourt le pays.

Au total, une cinquantaine de personnes vont se retrouver autour du chef de l’État et de la Première ministre Élisabeth Borne pour cette journée organisée au centre d’entraînement de l’équipe de France de rugby à Marcoussis, en Essonne. Le but : « Construire une nouvelle méthode  » de gouvernance, selon les éléments de langage de l’Élysée, par le consensus, afin d’apporter des solutions aux difficultés des Français.

Plus concrètement, les participants (ministres, patrons, présidents d’association, élus locaux) vont échanger autour de cinq grands thèmes structurants après avoir écouté les exposés de plusieurs experts sur la situation du pays. Un dialogue « franc, massif, sans filtre », selon le souhait d’Emmanuel Macron, qui doit durer plusieurs mois.

Cela ne vous rappelle rien ? Le chef de l’État semble avoir pioché plusieurs ingrédients du Grand Débat, lancé début 2019 pour solder la crise des « gilets jaunes » et de la Convention citoyenne pour le climat, conclue en juin 2020, pour ce nouveau pari sorti de sa besace. Une sorte de « boss de fin », dernière étape dans les jeux vidéo, de la démocratie participative à la sauce Macron.

Marcoussis, point de départ

« Les Français sont fatigués des réformes qui viennent d’en haut », avait-il expliqué, le 3 juin dernier, en annonçant son initiative, clin d’œil assumé comme tel au Conseil national de la résistance qui coordonnait les mouvements de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et qui a donné naissance à la Sécurité sociale.

Le coup d’envoi de ce nouveau CNR sera donc donné jeudi depuis Marcoussis, un haut lieu du sport français. Comme un symbole ? Avec ce rendez-vous, « la volonté est d’aller vite », indique l’Élysée, même si l’événement n’est que le point de départ de ces longues semaines de concertation sur « le plein-emploi, l’école, la santé, le bien vieillir et la transition écologique ». Autant de thèmes définis par les organisateurs.

Dans le détail, Emmanuel Macron va s’exprimer un peu avant 10 heures, pour lancer les réjouissances, avant de laisser le micro à trois « experts ». Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, va ainsi présenter l’état de l’économie du pays, le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici parlera finances publiques quand la présidente du Haut Conseil pour le climat, Corinne Le Quéré concentrera son propos sur la transition écologique. Une façon d’aiguiller les débats, exactement comme l’avaient fait les garants et les experts de l’environnement de la Convention citoyenne.

La Première ministre prendra la parole - comme Edouard Philippe avant elle à l’époque - dans l’après-midi, pour présenter les pistes que le gouvernement met sur la table, piloter une réunion sur les chantiers prioritaires et établir leur mise en œuvre dans la durée.

Pour quel résultat ?

Question calendrier, l’Élysée espère l’avènement de certains chantiers dès 2023. « Il faut oser et ne pas craindre d’être innovants », souligne la présidence, en indiquant que leur mise en œuvre pourra être différente selon les thèmes et les territoires concernés. Des citoyens devraient même participer… Alors que des clauses de revoyures pour évaluer l’application des futures mesures sur le terrain sont d’ores et déjà prévues.

De quoi rassurer les plus sceptiques qui voient en cette instance un nouveau gadget présidentiel ? Sans doute pas. Si les responsables de huit associations d’élus seront présents, après un refus initial, les principaux leaders des partis politiques d’opposition vont briller par leur absence. Quant aux syndicats, beaucoup boycottent, à l’image du patron de la CGT Philippe Martinez.

« Aucun intérêt »

« Vouloir réunir dans une même instance des parlementaires, seuls constitutionnellement habilités à voter la loi et contrôler l’exécutif, et des représentants de la société civile (...) ne peut aboutir qu’à une confusion des rôles », a, par exemple, écrit le président Les Républicains du Sénat, Gérard Larcher dans une missive au président de la République. Son collègue Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, n’y voit, de son côté, « aucun intérêt » si « c’est pour revivre ce que nous avons vécu avec le Grand débat et la Convention citoyenne ».

Pour déminer ces critiques, l’Élysée promet des échanges « francs » et «  sans filtre  » avec les différents participants. Un mot utilisé par Emmanuel Macron lui-même au moment d’accueillir les préconisations des citoyens de la Convention… Et qui n’a pas laissé le meilleur souvenir possible aux « 150. »

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