Même les banquiers et les traders lisent désormais Karl Marx

“Marx avait-il raison ?” Der Spiegel inaugure l’année 2023 en affichant en couverture une version écolo et tatouée du père du communisme. Dans son numéro de rentrée, il propose d’étudier les dysfonctionnements du capitalisme, un système qui “ne profite plus à suffisamment de personnes” pour en justifier le maintien.

“Trop de choses ne fonctionnent plus, assure l’hebdomadaire, orienté à gauche. La mondialisation part en lambeaux, entraînant avec elle le modèle économique allemand. La communauté internationale est en train de s’enfermer dans des blocs rivaux, l’inflation creuse un peu plus les inégalités entre les riches et les pauvres, et nous avons manqué presque tous nos objectifs climatiques.”

À l’ère des “polycrises” – pour reprendre le terme de l’historien britannique Adam Tooze désignant les mécanismes d’interactions entre les grands problèmes de notre époque –, la main invisible du marché n’apparaît plus comme une solution miracle, note le titre. Même dans les grandes banques ou les cabinets de conseils, les critiques se font entendre.

Le Spiegel cite le milliardaire américain Ray Dalio, qui a fait fortune dans le domaine des fonds alternatifs et pointe désormais du doigt les inégalités de richesse sur la planète.

“Pour la plupart des gens, le capitalisme ne fonctionne plus.”

Les solutions sont encore puisées dans l’économie de marché

La crise climatique est l’exemple le plus parlant des problèmes causés par le capitalisme, poursuit le journal allemand. Il reprend l’analyse du chercheur en philosophie Kohei Saito, selon lequel les aléas environnementaux actuels sont étroitement liés aux critiques marxistes du capitalisme. Il y a plus de cent cinquante ans, assure-t-il, Karl Marx avait déjà identifié les dangers de ce système pour la planète.

Le Japonais, qui a vendu plus d’un demi-million d’exemplaires de son livre Le Capital à l’ère de l’Anthropocène (2020, inédit en français), affirme qu’“on ne peut empêcher le monde de s’effondrer qu’en mettant en place un système postcapitaliste, dans lequel il n’y aurait plus de croissance, où la productivité humaine serait réduite et où la richesse serait redistribuée de manière ciblée”. Or la majeure partie des solutions proposées jusqu’à maintenant pour faire face à la crise climatique s’inscrit toujours dans l’économie de marché.

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