Météo : comment bien comprendre les cartes que vous voyez à la télé sur TF1, BFM ou France TV ?

MÉTÉO - « Les cartes météo sont-elles plus rouges cet été ? » À chaque vague de chaleur estivale, cette question revient au cœur des discussions familiales, ou est sujette à polémique sur les réseaux sociaux. La réponse est simple : non, les cartes n’ont pas changé de couleur en 2023 pour angoisser les Français sur l’accélération du changement climatique.

Même Évelyne Dhéliat, la présentatrice météo vedette de TF1 depuis 1991, l’a confirmé au Figaro mardi 8 août, « on a les mêmes couleurs depuis des années ». TF1 et LCI ont une palette de neuf nuances, allant du bleu froid au rouge vif, qui n’a quasiment pas évolué depuis vingt ans.

Mais ce débat révèle des questionnements plus profond : à quoi correspondent les couleurs des cartes météo présentées à la télé ? Le HuffPost vous explique dans la vidéo en tête d’article, les deux principales chartes de couleur utilisées par les grandes chaînes de télévision françaises : TF1, LCI, BFM, France 2, France 3, franceinfo.

Sur TF1, du rouge ou du bleu selon la température « normale »

Il y a deux écoles parmi les chaînes. TF1 et LCI ainsi que BFM utilisent une colorimétrie basée sur la « température normale » attendue pour une ville. Cette température est calculée par rapport à la moyenne des trente dernières années. Et elle est évaluée sur 10 jours glissants, elle change donc presque quotidiennement.

Lorsque la température se trouve autour la normale, les couleurs sont neutres, plus on s’en éloigne, plus on tire vers le bleu ou le rouge. Grâce à un panel de neuf couleurs, les cartes de TF1 ont « une amplitude possible de 18 °C entre la température la plus haute et la plus basse. Lorsqu’elle est plus importante, il nous arrive de mettre trois températures dans une même couleur », décrit Évelyne Dhéliat, cheffe du service météo de TF1-LCI, dans le Parisien.

Prenons des exemples pour bien comprendre. Un 36 degrés à Toulouse en août sera en rouge, car cette température est au-dessus de 22 degrés, la « normale » attendue pour cette ville à cette période de l’année. Idem à Brest, s’il faisait 36 degrés en août, les chiffres seraient sur fond rouge.

En revanche, s’il fait 26 degrés à Toulouse en août, la température est proche des normales, la couleur sera donc beige. Alors qu’à Brest, 26 degrés en août, c’est élevé, la couleur sera jaune. En effet, la température normale attendue pour une ville du sud est souvent plus élevée que pour une ville du nord ou de l’ouest.

Chez France TV, trois gammes en fonction des saisons

Pour la deuxième famille de médias, celle de France Télévisions (France 2, France 3, franceinfo), la charte de couleur n’est pas la même. « Notre charte existe depuis 2018, quand on ne parlait pas autant du réchauffement climatique. Nos couleurs sont liées à la météo avec une échelle de nuances en fonction des températures, et pas à un écart avec les normales de saison », explique Martin Gouesse, rédacteur en chef du journal météo climat sur franceinfo, contacté par Le HuffPost.

Concrètement, il existe trois cartes en fonction des saisons. Si c’est l’été et qu’il fait chaud, la carte sera orange foncée. Si c’est l’hiver et qu’il fait froid, la carte sera bleue. Et si c’est l’automne ou le printemps, les couleurs seront orange pâle, bleu clair. Mais il y a parfois du bleu en été, « ces derniers jours, on a notamment eu du bleu dans l’est de la France parce que les températures étaient en dessous de 15 degrés le matin », poursuit le journaliste.

Et pourquoi pas les mêmes couleurs pour tous

Mais pourquoi toutes les chaînes de télévision n’harmonisent pas leurs cartes météo ? C’est la « liberté éditoriale », répond Martin Gouesse qui ajoute qu’il n’y a pas « de rouge vif » à France Télévisions, car le groupe a fait le choix d’utiliser une palette de couleurs pastel. « Si l’on modifie notre charte, nous n’allons pas ajouter du rouge. Notre objectif n’est pas d’inquiéter, mais d’expliquer et d’être pédagogique pour les téléspectateurs, avec des reportages et l’intervention d’experts dans nos journaux météo », insiste-t-il.

Malgré tout, pour plus de lisibilité, certains météorologues et prévisionnistes plaident pour une harmonisation des pratiques avec une palette de couleurs identique pour tout le monde. Pour Thomas Canda, du site Meteociel, l’adoption d’un seul spectre pour tous, décidée par Météo France, serait la solution. Il estime en effet sur TF1 que des échelles différentes d’un média à l’autre « créent la confusion, voire participe à nier la hausse des températures ». Une certitude cela dit : il n’y a pas eu de changement de couleurs pour vous faire peur.

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