Mélenchon s’en prend à Braun-Pivet en Israël et déclenche un tollé dans la classe politique

Mélenchon s’en prend à Braun-Pivet en Israël et déclenche un tollé dans la classe politique
Capture Twitter Jean-Luc Mélenchon Mélenchon s’en prend à Braun-Pivet en Israël et déclenche un tollé dans la classe politique

POLITIQUE - Le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon a fustigé ce dimanche 22 octobre le déplacement de la présidente de l’Assemblée nationale en Israël, reprochant à Yaël Braun-Pivet (Renaissance) de « camper à Tel Aviv pour encourager le massacre » à Gaza.

« Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français ! », a publié Jean-Luc Mélenchon sur le réseau social X, alors que la présidente de l’Assemblée achevait un déplacement en Israël dimanche soir. Pour illustrer son propos, il a partagé une vidéo de la manifestation qui a eu lieu à Paris place de la République pour demander l’arrêt des opérations militaires d’Israël à Gaza. « Voici la France », a-t-il également écrit.

Drapeaux palestiniens qui claquent au vent, chants et slogans contre la politique israélienne : des milliers de manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés dimanche à l’appel d’un collectif. « Israël assassin, Macron complice », « pas de paix sans décolonisation », « enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine » : la foule réunie place de la République a repris à pleins poumons ces traditionnels slogans pro-palestiniens.

Encadré par un important dispositif de sécurité, le rassemblement était la première manifestation parisienne à ne pas avoir initialement fait l’objet d’une interdiction par la préfecture de police de Paris.

« Tweet de la honte »

Depuis un hôtel de Tel-Aviv dimanche, après s’être rendue sur des lieux des attaques meurtrières du Hamas palestinien, la titulaire du perchoir a non seulement souligné que la France soutenait « pleinement Israël » mais aussi que « rien ne doit empêcher » le pays « de se défendre ».

« Ce qui est important c’est que les populations civiles qui se trouvent à Gaza soient le moins possible victimes de ce conflit. Mais on sait aussi qu’elles servent souvent de bouclier humain », a ajouté l’élue des Yvelines. Si sa présence sur place a fait bondir Jean-Luc Mélenchon, le tweet de ce dernier a à son tour fait bondir la classe politique.

Les ministres Marc Fesneau et Olivier Dussopt évoquant à l’unisson à « un tweet de la honte ».

« Voici le message subliminal de Jean-Luc Mélenchon : désigner les Juifs comme le parti de l’étranger et de la guerre », s’est indigné le président du Crif Yonathan Arfi, dénonçant « une rhétorique antisémite », quand la Licra a épinglé « un antisémitisme électoral ».

Le malaise a également gagné les rangs socialistes, la députée Valérie Rabault ciblant des « accusations (...) abjectes ». « La collaboration, 80 ans plus tard », a pour sa part écrit sur X (ex-Twitter) le président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.

« Monstre » a asséné la députée RN du Var Laure Lavalette. « Jean-Luc Mélenchon ne se contente plus de nier le terrorisme, voici qu’il accuse la présidente de l’Assemblée “d’encourager un massacre” et la jette aux loups islamistes », ajoute-t-elle.

Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Pieyre-Alexandre Anglade, a lui accusé le chef de la France Insoumise d’être « l’artisan de la haine et de la division en France ».

« Un jour, des historiens étudieront la libération de la parole antisémite, en France au début des années 2020. Ils établiront aussi, par le choix des cibles, le vocabulaire, les imaginaires évoqués et convoqués, la responsabilité de certains dirigeants politiques », a écrit Laurence Rossignol.

Le député Renaissance Fabien Matras rappelle par ailleurs que Yaël Braun-Pivet « a reçu des menaces de mort cette semaine » et qu’avec « ce tweet indigne et mensonger, Jean-Luc Mélenchon les encourage à continuer ». « Comment un homme qui fut intellectuellement brillant a pu devenir aussi misérable ? », ajoute-t-il.

« Immonde et abject ? Mélenchon qui fut un adversaire politique et est désormais un ennemi de la République. Il est temps d’en finir avec le “moratoire” , Olivier Faure, et de rompre totalement, inconditionnellement avec la Nupes », a écrit Benjamin Griveaux.

Le voyage de Braun-Pivet avait été critiqué auparavant dans des termes plus choisis par le coordinateur du mouvement Manuel Bompard, parlant d’une « faute politique majeure ». LFI entend « demander des comptes sur ce sujet » lundi à l’Assemblée nationale, durant le débat sur la situation au Proche-Orient entre le gouvernement et les groupes politiques.

Le chef du Parti socialiste Olivier Faure a aussi reproché à Mme Braun-Pivet d’avoir « parlé de soutien inconditionnel à Israël » et épinglé la présence d’Éric Ciotti et Meyer Habib, des « faucons, sur une ligne sans nuance », selon lui.

« La France de Jean-Luc Mélenchon »

D’autres ont également réagi aux images partagées dans le Tweet de Jean-Luc Mélenchon, pointant notamment du doigt certains slogans. Ou encore l’absence de drapeau français comme le souligne Julien Odoul.

« “Israël casse-toi, la Palestine n’est pas à toi” est scandée sur la place de la République. Il est clair désormais que ce n’est pas la solution à deux États que vous défendez mais bien un seul au profit de la destruction de l’autre », a réagi le député Renaissance Sylvain Maillard.

« La France dont rêve Jean-Luc Mélenchon ne brandit plus le drapeau français et ne chante plus la Marseillaise : elle défile avec le drapeau palestinien en criant “Allah Akbar” », écrit Eric Zemmour.

Le vice-président des Républicain Théo Michel a également tweeté : « Voici la France de Jean-Luc Mélenchon. Celle qui brûle le drapeau français et israélien. Celle qui se rassemble place de la République en criant “Allah Akbar”. Celle qui considère le Hamas comme un groupe de résistants. Bref, la France qui collabore avec l’islamisme. »

« Pas opportun »

L’entourage de Yaël Braun-Pivet avait indiqué à l’AFP que le PS et le Parti communiste avaient été conviés pour ce déplacement mais n’avaient pas donné suite, ce que les deux formations politiques confirment.

« Nous avons décliné car nous avons demandé que cette délégation porte un message dénonçant également les bombardements à Gaza et qu’elle salue l’autorité palestinienne autant que les autorités israéliennes. Il ne nous a pas paru opportun de participer à cette délégation dont le message n’était pas équilibré », a affirmé le chef du parti communiste Fabien Roussel, auprès de l’AFP.

Olivier Faure a visé directement le président de la République sur France 3. Si Emmanuel Macron « ne va pas sur place aujourd’hui, c’est parce qu’il n’a pas tenu cette ligne de neutralité. Il est aujourd’hui dans une difficulté parce qu’il sait très bien qu’un déplacement de sa part pourrait se réaliser éventuellement en Israël, mais que dans le monde arabe, il ne serait pas accueilli », a lancé le patron du PS.

L’Élysée a annoncé dans la foulée ce dimanche 22 octobre au soir qu’Emmanuel Macron serait en visite en Israël ce mardi, plus de deux semaines après les attaques meurtrières du Hamas palestinien sur le territoire israélien, qui ont fait plus de 1 400 morts, dont 30 ressortissants français.

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