"Médine est un multirécidiviste des paroles de haine": Rachel Khan répond au rappeur

Trois semaines plus tard, Rachel Khan réagit. L'essayiste qui a été visée par un tweet jugé antisémite du rappeur Médine, invité aux universités d'été des écologistes début août puis à celle de La France insoumise, lui répond dans un entretien au Monde.

"Médine est un multirécidiviste de paroles de haine. Il fait ses excuses et à chaque fois il revient avec un nouveau truc : la quenelle, les attaques homophobes et antisémites, la laïcité, et maintenant cette attaque sur mon nom", assène l'écrivaine.

Avant d'ajouter: "il y a des mots qui sont des délits, ce n'est pas négociable."

Emballement politique après un tweet

Médine, qui s'était vue critiqué par Rachel Khan début août, lui avait vertement répondu sur X (l'ancien nom de Twitter): "ResKHANpée: personnée ayant été jetée par la place Hip Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l'extrême droite".

Le tweet du rappeur avait fait polémique. L'écrivaine est née d'un père gambien musulman et d'une mère juive franco-polonaise. Ses grands-parents ont été des rescapés de la Shoah.

Le rappeur faisait notamment référence dans son message au départ tumultueux de l'écrivaine de la Place, le centre culturel hip-hop de la ville de Paris tout comme à sa proximité avec la macronie.

Rachel Khan a dirigé un groupe de travail sur l'immigration pendant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron en 2022. Quelques mois plus tôt, celle qui est également comédienne avait déjeuné avec Marine Le Pen, d'après des informations du Monde.

Division chez les écologistes

Plusieurs figures d'Europe-Écologie Les Verts avaient annulé leur venue aux universités d'été à l'instar de Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg ou Pierre Hurnic, l'édile de Bordeaux. Pas question pour eux de s'afficher aux côtés du rappeur pour la rentrée politique du mouvement. EELV a cependant bien maintenu sa participation à l'évènement tout comme La France insoumise.

Médine avait ensuite présenté ses excuses sur X.

"Aucune ambiguïté. J’ai attaqué le parcours professionnel de Rachel Khan. La formule pas adaptée, qui a certainement dû heurter des personnes et je m’en excuse, n’était pas dirigée vers sa famille ni vers les victimes du drame de la Shoah", avait écrit le rappeur, expliquant ensuite ne pas savoir que sa mère était juive.

Rachel Khan se félicite du rappel "des valeurs de la République"

Rachel Khan avait de son côté fait profil bas à l'exception d'une très courte réponse sur I24, à quelques jours de sa présence comme membre du jury du festival du film francophone d'Angoulême, pour "ne pas parasiter".

"J’ai laissé les autres prendre la parole pour moi. Je suis contente de voir les réactions qui ont traversé la sphère politique pour rappeler les valeurs de la République, jusqu’au sein même des Verts", explique désormais l'écrivaine auprès du Monde, elle-même membre d'EELV dans les années 2000.

Devant les écologistes lors d'un débat animé par Marine Tondelier, la patronne du mouvement, le rappeur s'était ensuite longuement justifié. "Mon invitation a déjà été une polémique avant même que j’ai cette maladresse par messagerie interposée. J'ai surréagi à un message où (Rachel Khan) me traitait de déchet à tirer. J’ai eu tort", avait expliqué Médine.

"Je n’ai jamais voulu viser son passé, sa famille. Tout de suite quand je me suis rendu compte de cette erreur je m’en suis excusé auprès de l’essayiste et du public. Ça fait trois semaines que je vis l’enfer avec ma famille", avait encore ajouté l'artiste.

"Tout cela est indigne du débat public", avait également expliqué l'artiste lors des universités d'été des insoumis.

La justice saisie

Rachel Khan n'est, elle, guère convaincue par les "excuses de l'artiste". "Il m’a attaquée de façon personnelle sur mon parcours, mes idées. Et s’excuse de manière générale", regrette-t-elle. "J'ai mal à cette gauche qui ne défend plus les principes républicains qui sont les siens", juge également l'actrice.

Le député Renaissance, François Cormier-Bouligeon, a saisi la justice en adressant un courrier à la procureure de la République de Paris.

Article original publié sur BFMTV.com