Le média “Vice” aurait bloqué des articles pour ne pas déplaire au pouvoir saoudien

D’après des sources internes à ce média, Vice “a bloqué de manière récurrente des articles susceptibles de déplaire aux autorités saoudiennes”, révèle le quotidien britannique The Guardian, qui parle de “journalistes qui ne sont pas sûrs de pouvoir encore couvrir librement les abus concernant les droits humains” dans ce pays.

Le média en ligne a signé en début d’année “un partenariat lucratif” avec le géant saoudien des médias, le groupe MBC, détenu à 60 % par l’État, dans le but de développer ses activités au Moyen-Orient, précise le journal. Or “les énormes sommes d’argent qui affluent d’Arabie saoudite” pourraient avoir été la cause de cas de censure interne à ce média. The Guardian cite l’exemple d’un article sur les droits des transgenres en Arabie saoudite. Selon cet article, les autorités saoudiennes aident les familles à poursuivre, menacer et harceler des transgenres saoudiens installés à l’étranger.

Alors même que la rédaction de Vice avait salué l’article, sa publication a été “repoussée à plusieurs reprises, puis annulée à la dernière minute”.

Marche arrière

De même, une vidéo sur le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) a été supprimée après avoir été mise en ligne. Dans les deux cas, la justification aurait été de garantir “la sécurité des équipes installées en Arabie saoudite”, selon des sources internes à la rédaction de Vice.

Vice, qui traverse de grosses difficultés financières et qui vient d’être “sauvé de la banqueroute” par un fonds d’investissement américain, mise beaucoup sur son “expansion rapide” sur le marché saoudien.

Alors qu’il avait cessé de travailler dans ce pays après l’assassinat commandité par le prince héritier du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, en 2018, il avait déjà enfreint sa posture de probité. En mars 2020, le média s’était ainsi chargé, secrètement, de l’organisation d’un “coûteux festival de musique” saoudien, pour un budget d’environ 18 millions d’euros.

Depuis, Vice a “pleinement adopté le royaume [saoudien]”. Et celui-ci le lui rend bien, avec “des millions de dollars” que les autorités saoudiennes versent au média via “son agence de publicité, Virtue, pour promouvoir l’image de l’Arabie saoudite à travers le monde”.

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