Grève du 18 octobre : Les lycées pro manifestent contre la réforme de Macron

Un manifestant tient un drapeau du syndicat SNUEP-FSU lors d’une manifestation à Marseille, le 18 octobre 2022 après qu’une rare alliance intersyndicale professionnelle a appelé à une journée de grève pour dénoncer la réforme de la voie professionnelle lancée par Emmanuel Macron.

ÉDUCATION - La plupart des syndicats d’enseignants de lycée professionnel sont eux aussi en grève ce mardi 18 octobre. Ils exigent le retrait du projet de réforme voulu par Emmanuel Macron et prévue pour la rentrée de septembre 2023. Une grogne généralisée qui survient en parallèle du mouvement de grève interprofessionnel entraînant ce mardi la fermeture de nombreux établissements en France.

Cet appel à la grève a été lancé en septembre par la plupart des syndicats du secteur, dont le Sneeta-FO, le Snuep-FSU, le SE-Unsa, la CGT Educ’action, le Snalc, SUD Éducation, le Snep-FSU, le Snes-FSU. Dans cette rare alliance intersyndicale, ils dénoncent cette réforme de la voie professionnelle, lancée par Emmanuel Macron dès sa campagne présidentielle, et notamment l’augmentation prévue du temps de stages d’au moins 50 %, qui réduirait de facto les heures d’enseignement général.

Un cortège parisien des enseignants de la voie professionnelle s’élancera à partir de 14 h 30 « du métro Saint François-Xavier, dans le VIIe arrondissement, en direction du métro Sèvres-Babylone, avec la possibilité de rejoindre le cortège de la manifestation interprofessionnelle », a expliqué à l’AFP Pascal Vivier, secrétaire général du Snetaa-FO (majoritaire). Selon lui, « plus de la moitié des professeurs de lycée pro seront en grève » ce mardi et « de nombreux établissements seront totalement fermés en France ». « Du jamais vu », selon lui.

Plusieurs autres cortèges de ce types sont prévus en France, et notamment à Orléans où une manifestation est prévue l’après-midi entre la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale et le Rectorat.

Des actions plus ponctuelles ont aussi été mises en place comme le blocage des établissements, en région parisienne et ailleurs. C’est le cas à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), où le Lycée Jean Macé est actuellement occupé par des élèves. La Dépêche du Midi dénombre également plusieurs lycées bloqués à Castres ou Albi par exemple.

Une réforme vue et revue

Mi-septembre, Emmanuel Macron avait présenté les grandes lignes de sa réforme du lycée professionnel qu’il souhaite « très progressive ». Le chef de l’État avait aussi appelé fin août à une « transformation profonde » de la voie professionnelle, avec la volonté de « ré-arrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail ».

« Le projet du président Macron de transformer les lycées professionnels sur le modèle de l’apprentissage constitue un véritable danger pour l’avenir scolaire et professionnel d’un tiers de la jeunesse lycéenne », a récemment écrit le Snetaa-FO dans un communiqué. « La voie professionnelle a subi trois réformes, la dernière datant de 2018. Ces réformes ont amené de profonds changements sans avoir tiré un quelconque bilan », regrettent-ils.

« Cette réforme est pensée d’en haut par des gens qui ont une très grande méconnaissance de la réalité du monde du travail et de la formation », note auprès de Libération Vincent Troger, chercheur associé au centre de recherche en éducation de Nantes et spécialiste de l’enseignement professionnel. Ce dernier estime par ailleursque « pour revaloriser le lycée professionnel, il n’y a qu’une solution : il faut faire en sorte d’organiser des possibilités de trajectoires ascendantes via une formation professionnelle, jusqu’à arriver éventuellement à un master ».

En parallèle, la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels Carole Grandjean avait annoncé installer vendredi « quatre groupes de travail » sur cette réforme. Les participants seront conviés ensuite à « partager ensemble le bilan de la transformation de la voie professionnelle », est-il écrit dans un courrier dont l’AFP a obtenu la copie. Dans un courrier adressé récemment au ministre de l’Éducation Pap Ndiaye, le Snetaa-FO avait expliqué avoir « décidé de ne pas se rendre à cette prétendue concertation quand les attendus sont déjà affichés ».

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