Luc Besson aimerait « faire tranquillement » ses films et qu’on arrête de lui parler des accusations de viol

Luc Besson, ici au micro de France Inter, lundi 25 septembre.
Capture d’écran Twitter Luc Besson, ici au micro de France Inter, lundi 25 septembre.

CINÉMA - « Je ne suis pas coupable, je n’ai pas fait ce dont on m’accuse. » Ces mots, ce sont ceux de Luc Besson qui, en pleine promo pour la sortie de son nouveau film Dogman, était invité, ce lundi 25 septembre, de France Inter.

« On rentre dans des tempêtes médiatiques et tout le monde s’en sert pour ses propres intérêts, répond-il à la journaliste Sonia Devillers, qui lui demandait de réagir aux accusations de viol le visant. Je serais incapable de garder un mensonge comme ça pendant des années. Si j’avais fait une bêtise, une connerie, je lèverais la main pour dire : ’C’est moi qui ai fait une connerie et j’en paierai les conséquences’. »

Au mois de juin dernier, la Cour de cassation a définitivement écarté les accusations de viol portées par l’actrice Sand Van Roy contre Luc Besson, rejetant le pourvoi formé par celle-ci contre le non-lieu au bénéfice du cinéaste.

Sand Van Roy accuse Luc Besson

Dans cette affaire, l’actrice belgo-néerlandaise de 35 ans avait déposé le 18 mai 2018 une plainte pour viol, quelques heures après un rendez-vous dans un palace parisien dont les protagonistes ont donné deux versions différentes. Ces accusations avaient fait l’objet d’un non-lieu en décembre 2021, confirmé par la cour d’appel de Paris en mai 2022.

Pour Sand Van Roy, l’influent cinéaste lui avait imposé une pénétration digitale, source d’évanouissement, malgré ses injonctions à arrêter. Une version, selon elle, accréditée par des constatations, le jour des faits, par les urgences médico-judiciaires. Deux mois plus tard, l’actrice déposait une plainte contre le cinéaste pour d’autres viols et agressions sexuelles commis, selon elle, entre 2016 et 2018, épisodes d’une « relation d’emprise professionnelle » sous menaces de « rétorsion sur sa carrière d’actrice ».

Comme elle l’a rappelé sur X (ex-Twitter), ce dimanche, Sand Van Roy a en outre déposé plainte pour viol en Belgique contre Luc Besson. La Cour constitutionnelle belge devrait se prononcer fin 2023 sur la recevabilité de cette plainte.

Puisqu’il est désormais hors de cause par la justice française, Luc Besson compte-t-il porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre Sand Van Roy ou Mediapart, titre qui a publié des enquêtes sur Luc Besson ? Au micro de France Inter, le réalisateur a choisi de botter en touche. « Ce qui m’intéresse, c’est de faire des films. J’ai 64 ans. Il doit m’en rester deux ou trois. Si je pouvais les faire tranquillement, ça m’arrangerait », déclare-t-il, ce lundi.

Luc Besson, la « bonne cible » ?

Ce n’est pas la première fois que Luc Besson tient ce genre de propos, comme en témoigne ce samedi, son intervention dans l’émission de Léa Salamé « Quelle époque ! ». « Je pense que j’étais une bonne ’target’ (cible, ndlr) comme on dit », a-t-il estimé sur le plateau de France 2, avant de craquer en évoquant le moment où il a dû parler de l’affaire à sa femme et ses enfants.

Des images qui ont fait réagir, notamment du côté de Cécile Delarue et Florence Porcel, deux des victimes présumées de Patrick Poivre d’Arvor, autre célébrité visée par des accusations de violences sexuelles. Toutes deux fustigent la compassion accordée au réalisateur à l’antenne.

Sur Twitter, aussi, l’autrice et élue féministe Alice Coffin a pour sa part dénoncé une mise en scène qui, selon elle, contribue à présenter Luc Besson comme une victime.

Un point de vue partagé par L’Obs qui, dans un récent article, parle même de stratégie de réhabilitation. Celle-ci aurait commencé un peu plus tôt dans l’année avec la parution dans Paris Match d’un long entretien en marge de la Mostra de Venise, où le nouveau long-métrage de Luc Besson a été projeté en avant-première.

« Très démuni » face aux accusations de viol, Luc Besson sous-entendait dans cette interview avoir été accusé pour sa célébrité. « Comme si être un homme avec un peu de pouvoir faisait de moi obligatoirement un assassin », soufflait alors le réalisateur, pour qui la vraie victime dans cette histoire, c’était sa femme. « Virginie s’est retrouvée humiliée et insultée publiquement. » Une ligne sur laquelle il se place toujours en ce mois de septembre, à deux jours de la sortie de son film.

À voir également sur Le HuffPost :

Sand Van Roy porte plainte pour viol contre Luc Besson en Belgique

Maïwenn Le Besco explique pourquoi elle a agressé Edwy Plenel, fondateur de Mediapart