Lozère: l'état-civil refuse qu'ils prénomment leur fils "Artús" en raison d'un accent occitan

Lozère: l'état-civil refuse qu'ils prénomment leur fils "Artús" en raison d'un accent occitan

Une nouvelle affaire Fañch? Comme le rapporte le média France Bleu Lozère, des parents originaires de la ville de Mende, dans le même département, se sont vus refuser l'enregistrement de leur nouveau-né à l'état-civil, en décembre dernier. La raison du refus de l'administration: un accent aigu sur le "u" du prénom Artús, un prénom occitan, qui ne figure pas dans l'alphabet français.

"La mairie de Mende m'a dit qu'elle ne pouvait pas enregistrer ce prénom car l'accent aigu sur le 'u' n'était pas dans l'alphabet français", confirme auprès du média national Lissandre Varenne, le père de l'enfant.

Circulaire "rétrograde"?

Comme justification, la mairie de Mende dit s'appuyer une circulaire du 23 juillet 2014 encadrant les signes pouvant être utilisés pour les patronymes, qui évoque "la possibilité pour un officier de l’état civil d’admettre certains prénoms comportant des signes diacritiques non connus de la langue française."

Il y est rappelé que "seul l'alphabet romain peut être utilisé" mais que "les seuls signes diacritiques admis sont les points, tréma, accents et cédilles tels qu'ils sont souscrits ou suscrits aux voyelles et consonnes autorisées par la langue française."

Dès lors, une liste de seize cas particuliers autorisés est dressée: "à - â - ä- é - è - ê - ë - ï - î - ô -ö - ù - û - ü- ÿ - ç." Seul problème: le "ú" de Artús n'y figure pas, à l'inverse du "ù."

"C'est une circulaire rétrograde qui empêche les langues historiques de placer des accents qui leur sont propres", contre-attaque Lissandre Varenne.

"En Occitanie, on peut appeler son fils Steven ou Johnny, mais pas avec un prénom occitan", peste-t-il encore auprès du média national.

La justice comme alliée?

L'affaire n'est pas sans rappeler le cas de cette famille bretonne qui avait souhaité appeler leur enfant Fañch, un prénom local refusé par l'état-civil de Quimper sous prétexte que le tilde n'est pas utilisé en France. Dans un premier jugement, le tribunal de la ville avait entériné cette décision, arguant qu'autoriser cette particularité reviendrait "à rompre la volonté de notre État de droit de maintenir l'unité du pays et l'égalité sans distinction d'origine."

En novembre 2018, la cour d'appel de Rennes avait finalement décidé que le petit Fañch pouvait garder son orthographe originelle. La justice avait rappelé que ce tilde est déjà utilisé dans la langue française, notamment dans le dictionnaire de l'Académie française.

Un motif d'espoir pour les parents d'Artús, qui pour l'heure n'ont pas encore souhaité porter leur cas devant les tribunaux. En revanche, Lissandre Varenne espère que les élus locaux, dont Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, pourront l'aider à faire avancer son cas. "J'espère que les élus vont peser de tout leur poids pour que cette circulaire disparaisse", termine-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com