Lorsque l'art touche du doigt l'infini

Au travers de l'émotion qu'elles suscitent, des œuvres peuvent sembler plus tangibles que les concepts mathématiques qu'elles abritent, remarque la mathématicienne Sylvie Benzoni.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°910, daté décembre 2022.

Verre, aluminium, laine, bois, acier. Ces matériaux de construction sont également prisés par des artistes sculptant des formes aussi esthétiques que mathématiques. Les Nœuds sauvages de Jean-Michel Othoniel, colliers géants de perles en verre soufflé ou en inox, reflètent une théorie développée par le mathématicien mexicain Aubin Arroyo.

Des œuvres d'art fascinantes

Les Aiguilles de Toshimasa Kikuchi représentent dans de splendides bois laqués des surfaces de courbure négative constante, une propriété partagée par les pseudosphères en aluminium d'Hiroshi Sugimoto. Ces surfaces qui, en chaque point (ou presque), ressemblent à une selle de cheval relèvent de la géométrie dite hyperbolique.

Les coraux multicolores imaginés par Christine et Margaret Wertheim et réalisés au crochet par une multitude de volontaires sont une autre manière de toucher du doigt cette géométrie bien particulière, tout en militant pour la protection des récifs coralliens ! Si elles font appel à une géométrie plus classique, les monumentales surfaces en acier constituant La Matière du temps de Richard Serra n'en sont pas moins fascinantes.

Suggérer l'infini sans pouvoir le montrer tout à fait

Au travers de l'émotion esthétique qu'elles suscitent, toutes ces œuvres semblent plus tangibles que les concepts mathématiques qu'elles abritent. Pour autant, elles n'en représentent qu'une forme tronquée. Elles suggèrent l'infini sans pouvoir le montrer tout à fait. À nous alors de l'imaginer.

Par Sylvie Benzoni, directrice de l'institut Henri-Poincaré, à Paris.

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