Lorraine : qu’est-ce que le « bean bag », munition du Raid évoquée alors qu’un homme est dans le coma

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un homme de 25 ans a probablement reçu un tir de « bean bag » dans la tempe. Sa famille a porté plainte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique ».

POLICE - Alors que la famille de l’homme plongé dans le coma après avoir reçu un projectile tiré par le Raid a déposé plainte pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique », c’est désormais la nature de ce projectile tiré par les forces de l’ordre qui intrigue.

À Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), un jeune homme de 25 ans a été hospitalisé en urgence absolue vendredi après avoir été visé dans sa voiture par un tir imputé au Raid, alors déployé dans la ville pour contenir les émeutes liées à la mort du jeune Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin.

Dans sa plainte, relayée ce mercredi 5 juillet, la famille d’Aimène Bahouh estime que le jeune homme qui se déplaçait en voiture, vitre ouverte, « pour aller se ravitailler » en essence au Luxembourg après sa journée de travail, « a reçu un projectile du Raid, un ’bean bag’ sur la tempe » dans la nuit de jeudi à vendredi.

Si une enquête a d’ores et déjà été ouverte par l’antenne de l’IGPN de Metz, cette munition utilisée par les hommes du Raid est encore méconnue en France, mais pas inédite.

« Sac de pois »

Cette munition antiémeute « non létale » et proche du flashball a déjà été aperçue aux États-Unis lors de manifestations liées à la mort de George Floyd, ou à Hong Kong et au Chili, comme le note le journal Le Point. Une munition classée parmi la catégorie des « moyens de forces intermédiaires » utilisant la force cinétique.

Selon une étude de l’Université du Texas publiée en septembre 2020 par le New England Journal of Medecine, les « beanbags », en français « sacs de pois », sont des munitions « censées être moins létales et qui ne devraient pas causer de blessures pénétrantes lorsqu’elles sont utilisées à des distances appropriées ». Mais elles « peuvent causer des dommages graves et ne sont pas appropriées pour une utilisation dans le contrôle des foules », soutiennent les universitaires.

En France, elles ont notamment été utilisées contre les Gilets jaunes par la brigade de recherche et d’intervention (BRI) en 2019 à Montpellier ou lors des émeutes à Mayotte en fin d’année 2022, comme le note respectivement Midi Libre et Le Figaro.

« Il existe un risque de mort inhérent à l’usage de ces armes », explique à l’AFP l’universitaire Paul Rocher, auteur de Gazer, mutiler, soumettre. Politique de l’arme non létale. « Le caractère soi-disant non létal de l’arme incite à une utilisation moins prudente et plus abondante, rendant ces munitions plus dangereuses que par exemple les balles en caoutchouc ». À 10 mètres, « son énergie cinétique serait de 130 joules et sa vélocité de 85 m/s », analysait dès 2014 un rapport de la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU).

D’ailleurs le rapport de la SFMU estime qu’un tir à la tête -comme ce fut le cas avec Aimène- peut causer « une fracture du crâne et des lésions cérébrales, des blessures aux yeux, y compris la cécité permanente, et même la mort ».

Mais que contiennent ces fameux « sacs de pois » ? Comme le détaille Le Point, cette munition des forces de l’ordre ressemble à une « chaussette » en coton dont la forme peut varier. Tirant son nom de sa ressemblance avec un sac de haricot, il contient généralement un « matériau granulaire lourd » comme du plomb, du sable ou des billes d’acier.

Le journal précise également que ce projectile est conçu pour se déployer en vol avant de frapper sa cible avec le côté plat et peut parfois être imprégné de teinture colorante pour permettre un travail d’identification simplifié de la cible.

« Est-ce une balle perdue ou un tir ? »

Après avoir été touché par ce « bean bag » à Mont-Saint-Martin, le jeune homme inconnu des services de police a été opéré « pendant près de six heures » avant d’être placé dans un coma artificiel. « J’espère qu’il restera parmi nous, mais nous avons peur qu’il garde des séquelles », a confié un proche.

L’avocat de la famille, Me Yassine Bouzrou, également en charge de la défense de la famille de Nahel, veut ajouter une plainte pour « tentative d’homicide volontaire » et demander l’ouverture d’une information judiciaire.

« Le Raid était présent en protection des personnes et des biens et avait été pris à parti, destinataire de jets de pierres », avait précédemment déclaré à l’AFP la procureure de Val-de-Briey Catherine Galen. « Dans ces circonstances, le Raid a fait usage d’armes intermédiaires, des LBD et des lanceurs de bean-bags », avait-elle confirmé.

« Est-ce une balle perdue ou un tir parce qu’on soupçonne des auteurs de violences urbaines, cela reste à déterminer », a-t-elle ajouté. « On est sur une scène de nuit, avec de nombreux tirs, des jets de lacrymo, des mortiers, ça reste confus. À la fin de son intervention, le Raid ne savait pas qu’il y avait une victime grave ». D’autres personnes ont également été blessées plus légèrement par des tirs selon des témoignages obtenus par l’AFP, confirmés par le parquet.

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