Londres : David Carrick, un policier, reconnaît 24 viols et de multiples agressions

David Carrick a reconnu avoir enfermé certaines de ses victimes dans un petit placard sous les escaliers chez lui pendant des heures, sans nourriture.

LONDRES - C’est l’une des affaires « les plus choquantes » impliquant un policier, selon le parquet britannique. Un agent a reconnu au total ce lundi 16 janvier 24 viols et de nombreuses agressions sexuelles sur une période de 17 ans, déclenchant de vives critiques à l’encontre de la police londonienne.

« Au nom de la Metropolitan police, je veux présenter des excuses aux femmes qui ont souffert entre les mains de David Carrick », a déclaré la commissaire adjointe Barbara Gray. « Nous aurions dû repérer son comportement et parce que nous ne l’avons pas fait, nous avons manqué les occasions de le retirer » de la police.

Lundi matin, David Carrick, un policier de 48 ans, a plaidé coupable devant un tribunal londonien de quatre viols. Le 13 décembre, il avait déjà reconnu 43 infractions, dont 20 viols, ainsi que des agressions sexuelles. Des faits commis entre 2003 et 2020.

Témoignages de nouvelles victimes après la médiatisation de l’affaire

Cette affaire ravive le souvenir, qui avait choqué le pays, de la mort d’une Londonienne de 33 ans, Sarah Everard, violée et tuée par un policier en mars 2021. David Carrick faisait partie de l’unité de la police de la capitale chargée de la protection du Parlement et des représentations diplomatiques, au sein de la Metropolitan Police (Met), la police londonienne.

Il a été arrêté en octobre 2021 pour une première affaire de viol. « L’intérêt de la presse ayant suivi, d’autres victimes se sont manifestées. (...) Le poids de leur témoignage a été extrêmement puissant », a déclaré l’inspecteur en chef Iain Moor à l’extérieur du tribunal, qui s’attend à ce que d’autres victimes se manifestent.

David Carrick a rencontré certaines femmes sur des sites de rencontres en ligne ou lors de sorties, en utilisant sa position d’officier de police pour gagner leur confiance.

Le policier mettait au supplice ses « esclaves »

Il a reconnu avoir violé neuf femmes, certaines à plusieurs reprises, pendant des mois voire des années. Il a enfermé des victimes dans un petit placard sous les escaliers chez lui pendant des heures, sans nourriture. Il a appelé certaines de ses victimes ses « esclaves » ; il les contrôlait financièrement ; il les isolait de leurs proches.

« Il aimait humilier ses victimes et se servait habilement de sa position professionnelle pour leur faire comprendre qu’il était inutile de chercher de l’aide, car elles ne seraient jamais crues », a détaillé Iain Moor. Il a agi avec ses victimes « de la manière la plus destructrice qui soit ».

Pour la responsable du parquet, Jaswant Narwal, il s’agit de « l’une des affaires les plus choquantes que le parquet ait eue à traiter, impliquant un officier de police en service ».

« Éradiquer » les agents dangereux

Le chef de la Met, Mark Rowley, a présenté ses excuses et reconnu que Carrick a pu agir à cause « de défaillances systémiques ». « Nous avons échoué et j’en suis désolé. Il n’aurait pas dû être officier de police », a-t-il insisté.

Une autre affaire avait semé l’effroi au Royaume-Uni en mars 2021. Le policier Wayne Couzens avait violé et tué une Londonienne, Sarah Everard, qu’il avait menottée au cours d’une fausse arrestation, avant de l’enlever. Cet agent a été condamné à la prison à vie. La police s’était vu reprocher d’avoir ignoré des signaux alarmants sur le comportement du meurtrier.

« Les forces de police doivent éradiquer ces agents pour restaurer la confiance du public, qui a été brisée par des affaires comme celle » de David Carrick, a déclaré un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak.

Des failles dans le recrutement

« Je suis absolument dégoûté par les infractions véritablement odieuses que David Carrick a commises », a réagi le maire de Londres Sadiq Khan. « Il faut répondre à de sérieuses questions sur la façon dont il a pu abuser de sa position » de policier.

En novembre, un rapport a mis en lumière les failles dans le recrutement et le contrôle des officiers de police et révélé l’étendue des comportements misogynes, sexistes voire prédateurs. « Il est trop facile pour les mauvaises personnes à la fois de rejoindre et de rester dans la police », avait déclaré le chef des services d’inspection de la police, Matt Parr.

David Carrick ayant plaidé coupable, il n’y aura pas de procès. Une audience se tiendra à partir du 6 février pour le prononcé de sa peine.

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