Ce que l'on sait sur le meurtre "par exaspération" à Charleville-Mézières

L'octogénaire a dit avoir agi par "exaspération", "excédé" après avoir été pris à partie par un groupe de jeunes dans le hall de son immeuble. Un conflit qui, selon lui, durait depuis plusieurs mois.

Un homme de 83 ans a été mis en examen pour "meurtre, détention d'arme illicite et violence avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique", a annoncé le procureur de Reims. Il est soupçonné d'avoir tué un jeune voisin de 21 ans d'une balle de fusil, dans leur immeuble de Charleville-Mézières, ce vendredi 9 décembre.

• Une situation conflictuelle depuis des mois

Selon Matthieu Bourrette, procureur de Reims, l'acte a été commis par "exaspération". En effet, au cours de sa garde à vue, le suspect a affirmé qu'il ne connaissait pas personnellement la victime mais qu'il était en conflit avec "un groupe de jeunes" de l'immeuble qui "l'empêchait d'aller et venir, de rentrer chez lui" en "se situant régulièrement dans son hall d'immeuble", rapporte le procureur sur CNEWS ce lundi.

L'octogénaire a expliqué aux policiers que ces personnes "lui menaient la vie dure depuis 9 ans", notamment en consommant des stupéfiants et de l'alcool, mais aussi en lui bloquant les portes. Il a également évoqué des "insultes" proférées à son encontre et du "tapage". Il dit toutefois ne jamais avoir été "menacé ou violenté".

• Un fusil acheté dans les années 1990

Le jour des faits, vendredi 9 décembre, le suspect rentrait chez lui après sa partie de boules habituelle lorsqu'il s'est vu, selon ses dires, entraver le passage par le groupe de jeunes. Selon le procureur, il a expliqué son passage à l'acte en assurant que la victime "lui avait craché dessus et l'avait insulté".

Ouvrier retraité et ancien membre de commandos de marine ayant participé à la guerre d'Algérie, il a alors sorti de son appartement un fusil, une réplique de M16. Il a expliqué l'avoir acheté dans un supermarché dans les années 1990 et ne jamais l'avoir fait régulariser.

Selon Matthieu Bourrette, l'homme "a reconnu entièrement les faits": il a abattu son voisin de 21 ans d'une balle. "Le fou est ressorti et il est revenu avec une arme. C’est juste un vieux fou. (La victime) a voulu bien faire, il a essayé de raisonner le gars et c’est retombé sur lui. C’est pire qu’injuste d’enlever la vie à un jeune pour rien du tout", explique un proche de la victime sur BFMTV.

• L'homme s'est retranché dans son appartement

"Juste après les faits, il s'est retranché chez lui et il a été extrêmement difficile pour les services de police de l'exfiltrer de son domicile puisqu'une foule extrêmement hostile souhaitait manifestement le lyncher", précise Matthieu Bourrette.

Lorsque les policiers sont entrés chez lui, l'octogénaire les a d'abord mis en joue, avant de se rendre. Les forces de l'ordre ont dû faire usage de bombes lacrymogènes pour pouvoir l'emmener loin de la foule. Son domicile a été saccagé peu après son arrestation et sa voiture brûlée.

Le procureur Matthieu Bourrette a salué le sang-froid des policiers intervenus dans un contexte tendu, l'homme étant armé d'un fusil chargé de onze balles tandis que la foule, qui semblait "prête à le lyncher" selon les policiers cités par le procureur, a du être dispersée à coups de gaz lacrymogènes.

• Une enquête en cours

L'octogénaire a été interpellé sur les lieux. Il a été placé en garde à vue, a précisé le parquet de Reims, co-saisi de l'affaire. L'enquête a été confiée au commissariat de Charleville-Mézières et à la police judiciaire de Reims. Les enquêteurs devront notamment "infirmer ou confirmer la thèse du mis en cause, de ce que j'appellerais 'le crime par exaspération'", a souligné le procureur.

Le suspect, inconnu de la justice jusqu'à là, a été mis en examen pour "meurtre, détention d'arme illicite et violence avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique". Cet homme divorcé, père de 11 enfants, qui vivait seul et habitait le quartier depuis 30 ans, encourt 13 ans de réclusion. La victime, elle, avait déjà été condamnée deux fois pour outrage et rébellion.

Article original publié sur BFMTV.com

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