La loi immigration redonne des couleurs aux oppositions, chez Les Républicains et même à gauche

Comment la loi immigration redonne des couleurs aux oppositions (photo d’Olivier Faure et Eric Ciotti prise le 12 octobre 2023)
LUDOVIC MARIN / AFP Comment la loi immigration redonne des couleurs aux oppositions (photo d’Olivier Faure et Eric Ciotti prise le 12 octobre 2023)

POLITIQUE - Le malheur des uns redonne de la couleur aux autres. Depuis l’adoption de la loi immigration et ses ultimes péripéties qui auront vu le texte atterrir dans une version profondément durcie, le camp présidentiel peine à sortir de l’ornière. Outre les menaces de démissions, les départs effectifs et autres défections, rares sont ceux dans la majorité à tenter de capitaliser sur cette « défaite » infligée à Marine Le Pen, selon le mot utilisé par Emmanuel Macron en service après-vente sur France 5, au terme d’une année déjà délicate.

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Alors que le président de la République a fait voter la deuxième réforme d’ampleur de son second mandat, ce sont les oppositions qui tirent leur épingle du jeu. L’extrême droite, d’abord. Au Rassemblement national, on se réjouit effectivement de voir certains thèmes portés depuis plusieurs années avalisés par des formations dites de gouvernement. Mais ils ne sont pas seuls sur le spectre politique, à pouvoir bénéficier d’une séquence qui réactive les clivages historiques et met à mal le « en même temps. »

Chez LR, le cadeau inespéré

Les Républicains sabrent le champagne avant l’heure. Éric Ciotti et ses troupes, convalescentes depuis le crash de la présidentielle 2022, en perte de vitesse dans les urnes et les sondages, ont réussi un coup assez retentissant en réécrivant le projet de loi immigration à leur main. Et en imposant, unis, leurs propositions, parfois calquées sur celles du RN.

Il n’est donc pas anodin de voir les leaders de la droite se succéder dans les médias pour revendiquer une victoire qui en appelle d’autres. Presque une renaissance. « La droite a changé, elle est à l’offensive », claironne ainsi le président Éric Ciotti dans le Figaro ce samedi 23 décembre, avant d’ajouter : « ce que nous avons fait sur le régalien, nous le ferons demain sur l’économie ou sur d’autres sujets. » Comme une promesse à l’électorat qu’il espère récupérer.

Preuve supplémentaire de cette passe favorable pour le parti de la rue de Vaugirard, Laurent Wauquiez est sorti de sa torpeur. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, très discret dans les médias malgré son ambition élyséenne, a effectivement fait un pas en dehors du bois jeudi dernier pour évoquer - lui aussi au Figaro - un moment « fondateur. »

Cette séquence révèle, selon lui, que la ligne « droite forte » qu’il essaie d’incarner depuis des années, « peut fédérer des Français d’horizons différents » : « dans cette crise, on a vu se dessiner un chemin pour la droite », espère-t-il. Rien de moins.

La gauche pour (re)faire vivre l’union ?

À gauche, la situation est bien différente. Les partis de la Nupes ont dû digérer la séquence durant laquelle ils sont passé, en une semaine, de la satisfaction à l’horreur. Ils ont effectivement assisté, impuissants, au durcissement d’un texte qu’ils avaient rejeté à l’Assemblée nationale. Mais qu’à cela ne tienne.

Ce projet de loi, décrié par l’ensemble de la gauche - même la plus anti-Nupes - et par de nombreux syndicats ou associations, offre une matière commune à ces formations plus promptes, ces derniers temps, à souligner leurs propres divisions. Dépassés les points de désaccords, la gauche s’oppose désormais sans faille au gouvernement.

Les quatre partis de la coalition à l’Assemblée (PS, LFI, écolos et communistes) ont saisi ensemble le Conseil constitutionnel vendredi pour lui demander de retoquer la loi dans son entièreté. Fait rarissime : ils ont même cosigné un communiqué, dès mardi soir, avec des formations hors de la Nupes, comme le parti radical de gauche ou le mouvement de Raphaël Glucksmann, Place Publique.

De quoi laisser entrevoir une alliance plus large, à gauche ? Sans doute pas, encore moins dans l’immédiat. Une liste commune aux Européennes ? Le chemin est encore - très - long. Les partisans de la Nupes peuvent en revanche espérer la relancer après des mois d’atermoiements et d’échanges houleux. Manuel Bompard a de nouveau appelé, ce samedi, les partenaires des insoumis à organiser une réunion commune en « urgence ». Pour faire durer la trêve de Noël ?

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