Loi immigration : quand les arguments du gouvernement se retournent contre lui

Les arguments du gouvernement utilisés pour défendre les recours au 49.3 se sont retournés contre eux avec l'adoption de la motion de rejet sur la loi immigration.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé le
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé le "refus du débat" de la part des oppositions. Un argument qui fait écho à ceux de l'opposition lors de l'utilisation du 49.3 par la majorité. (Photo Ludovic MARIN / AFP)

"Un déni de démocratie", "le rôle des députés est de débattre et d'argumenter, ils ont refusé de le faire", "refus de débattre"... Les membres de la majorité ont vivement dénoncé le vote par les députés de la motion de rejet sur la loi immigration mardi à l'Assemblée.

"Refuser le débat", "c'est refuser ce que demandent les Français", a notamment dénoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, tandis que le ministre du Travail Olivier Dussopt a pointé du doigt des députés qui "viennent de se priver du débat".

"Si une motion de rejet votée par une majorité de députés est un déni de démocratie, qu’en est-il de 20 49-3 votés par personne ?"

Des arguments utilisés par la majorité pour dénoncer le vote d'une motion de rejet qui sont les mêmes... que ceux utilisés il y a quelques mois par les oppositions pour dénoncer les nombreux recours à l'article 49.3 de la Constitution -20 depuis l'arrivée d'Élisabeth Borne à Matignon- qui ont privé les députés de débats dans l'hémicycle.

Un renversement d'arguments qui n'a pas échappé aux observateurs de la vie politique. "Si une motion de rejet votée par une majorité de députés est un déni de démocratie, qu’en est-il de 20 49-3 votés par personne ?", feint d'interroger le sénateur communiste Ian Brossat.

Les ministres renvoyés à leurs arguments pro-49.3

De son côté, l'économiste Julia Cage renvoie au député Sylvain Maillard ses arguments, lui qui évoque sur France Inter des oppositions "irresponsables" en "refusant de discuter" de l'immigration. "Et donc Sylvain Maillard, le gouvernement a passé l'automne à être "irresponsable" en multipliant les 49.3 afin de de ne pas discuter du budget ?", feint de s'interroger l'économiste.

Un renversement d'arguments qui n'a pas échappé aux journalistes, qui ont fait remarquer à la députée Renaissance Maud Bregeon qu'il ne s'agissait pas "d'un déni de démocratie" mais de la "démocratie", puisqu'elle est prévue dans les procédures parlementaires, "comme le 49.3". "On ne peut pas accuser l'opposition d'un déni de démocratie alors que madame Borne toutes les semaines fait adopter son budget par le 49.3".

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