Liz Truss partie, les conservateurs du Royaume-Uni en mission impossible ?

Le congrès du parti conservateur britannique avec Rishi Sunak, à gauche, et Liz Truss, à droite, le 5 septembre à Londres.
STEFAN ROUSSEAU / AFP Le congrès du parti conservateur britannique avec Rishi Sunak, à gauche, et Liz Truss, à droite, le 5 septembre à Londres.

ROYAUME-UNI - « Deux » ou le nombre maudit pour les Britanniques qui ont connu deux monarques et deux Premiers ministres en l’espace de moins de deux mois. Une période d’instabilité parachevée ce jeudi 20 octobre, avec la démission de Liz Truss.

La successeure de Boris Johnson a, dans la foulée, annoncé la tenue d’élections internes très rapidement, son remplaçant devant être désigné d’ici le 28 octobre. Comme pour les fois précédentes, les prétendants devront se soumettre à des rounds de scrutins auprès des adhérents du parti. Celui ou celle qui sera élu(e) prendra la tête de la formation politique et deviendra par conséquent le nouveau locataire du 10 Downing Street. Et peut-être pour le pire.

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Une crise ouverte et durable

Si certains ne cachent pas leur intérêt pour le poste, la tâche sera extrêmement ardue, tant la crédibilité des conservateurs a été laminée ces derniers mois.

Trouver un favori solide pour relever le défi s’annonce particulièrement compliqué, pointe Mathieu Gallard, directeur d’études à l’Ipsos, auprès du HuffPost. « Même les sondages qui plaçaient Rishi Sunak comme solide se sont effondrés ces derniers mois. Cette débâcle qui a cours depuis début septembre entraîne tout le monde avec elle. Ce n’est pas juste Liz Truss. Quand votre image est détruite comme ça, ça emporte tout. Le parti conservateur doit trouver quelqu’un de solide, et c’est très compliqué », note le chercheur.

Un petit tour dans le temps permet de constater que depuis novembre 2021, date à laquelle des journaux ont révélé que Boris Johnson avait participé à des fêtes pendant le confinement, le parti conservateur enchaîne les difficultés, sans répit. Et ce ne sont pas les ambitions affichées qui permettront de dissimuler ce bilan sacerdotal, dont Liz Truss a hérité et qu’elle a doublé d’une crise économique.

Les travaillistes attendent leur tour

D’autant que cette situation institutionnelle instable se double d’un dévissement dans les sondages. Plus favoris que jamais, les travaillistes ne cessent de réclamer un retour aux urnes des Britanniques. Selon des études récentes, la tenue d’élections anticipées maintenant pourrait signer la pire déroute électorale de la formation conservatrice. « Un divorce jamais vu, entre la population et le parti au pouvoir », commente Mathieu Gallard.

Pas question donc a priori pour les Tories de s’exposer à une telle déroute, lesquels vont logiquement préférer « travailler à rétablir leur réputation d’ici janvier 2025 », moment auquel doivent se tenir les prochaines législatives. Mais là encore, la mission s’annonce aussi difficile à digérer qu’un haggis au petit matin. « La situation rappelle ce qui s’était passé en 2008 quand Gordon Brown était au pouvoir au moment de la crise économique. Le plan de sauvetage des banques avait détruit la réputation économique des travaillistes », explique Mathieu Gallard qui ajoute sur Twitter : « Quand c’est le cas, c’est quasiment impossible de remonter la pente au Royaume-Uni ».

Il n’empêche, le seul espoir du Labour est peut-être finalement que la crise s’aggrave et que, par esprit de responsabilité, des députés conservateurs votent une motion de défiance faisant tomber le gouvernement, ou que le prochain Premier Ministre demande lui-même des élections anticipées. Les Britanniques adorent parier : ça tombe bien.

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