"Lise Meitner, la physicienne qui n’a jamais perdu son humanité"

A Avignon, avec la pièce "Exil intérieur", le théâtre de la Reine Blanche d’Elizabeth Bouchaud rappelle l’histoire dramatique de la physicienne juive autrichienne à l’origine de la découverte de la fission nucléaire, qui dut fuir l’Allemagne nazie et fut injustement oubliée avec la remise du prix Nobel en 1944 au seul Otto Hahn.

"L’essentiel, c’est la science". Et c’est avec cette pensée que Lise Meitner n’a rien vu venir à Berlin en 1933. Alors que son neveu Otto Frisch la presse de fuir l’Allemagne - ce qu’il allait faire – celle qui s’est convertie au protestantisme tout en ayant "dû remplir un formulaire comme non-aryenne" continue de croire qu’on la laissera "tranquille".

Lise Meitner, brillante et timide, surnommée la "Marie Curie allemande"

La physicienne juive autrichienne tient trop à son laboratoire de l’Institut Kaiser Wilhelm, où elle œuvre depuis 26 ans. La sobre mise en scène de Marie Steen nous la fait découvrir en des murs sombres, parfois transformés en tableau noir pour démonstration scientifique. Mais aussi contrainte par trois grands pans gris fixés sur une théorie de barres métalliques qui deviennent, tour à tour table de son laboratoire, wagon du train qui la conduit vers Stockholm et son exil en 1938, mur aussi sinistre que celui d’un camp de concentration, ou encore tombe sur laquelle elle finit par déposer un bouquet à la mémoire d’Otto Hahn en 1968, quelques mois avant sa propre mort. Tous deux étaient scientifiques et amis, l’une devant fuir l’extermination, l’autre se rangeant à l’ordre nazi, ce que Werner Heisenberg osa appeler "l’exil intérieur", devenu titre de la pièce.

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Lise Meitner, brillante et timide, surnommée la "Marie Curie allemande" pour la découverte du protactinium 231Pa avec Hahn ; esprit puissant dont le rôle dans la découverte de la fission nucléaire et du phénomène de réaction en chaîne fut fondamental. Sauf que le Nobel, en 1944, ne devait être attribué qu’à Otto Hahn – un de ces hommes scientifiques qui ne se sont pas opposés au nazisme et ses atrocités. L’injustice est clairement mise en lumière dans la pièce écrite et jouée par Elisabeth Bouchaud - elle-même physicienne à la tête du théâtre Reine Blanche (à Avignon jusqu’au 25 juillet, relâche le 19 juillet ;[...]

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