Lilian Thuram ému pour parler homophobie dans le foot à l’Assemblée : « Des enfants se suicident »

L’ancien international a notamment appelé à éduquer les joueurs à ce que sont vraiment les conséquences du racisme et de l’homophobie.

Certaines colères sont plus saines que d’autres. Celle de Lilian Thuram, auditionné à l’Assemblée nationale ce jeudi 9 novembre, en fait partie, à n’en pas douter. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessous, l’ancien international était invité à évoquer le racisme, l’homophobie et l’ensemble des discriminations dans le sport dans le cadre d’une commission parlementaire sur « les défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport ».

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Face à la rapporteure Sabrina Sebaihi, celui qui a endossé le maillot tricolore pour la première fois en 1994 a notamment invité à l’éducation des joueurs, mais aussi de tout le tissu sportif. « Il faut éduquer les joueurs, leur apprendre à intervenir. Mais par contre, leur mettre la responsabilité en faisant croire qu’ils ont le pouvoir d’arrêter le match, je pense qu’il y a d’autres acteurs avant auxquels on doit demander d’intervenir », a notamment analysé Lilian Thuram avant de pointer des mécanismes concrets qu’il a vus se mettre en place face au racisme sur le terrain.

« Le joueur noir quand il dit qu’il y a un problème, qu’il faut arrêter, il prend un carton rouge. (...) Parfois il veut arrêter de jouer, ce sont ses coéquipiers, ses adversaires qui vont le chercher pour continuer. C’est ça la réalité », pointe-t-il du doigt tout en taclant au passage l’ancien président de la Fédération française (FFF) Noël Le Graët, qui avait estimé qu’il n’y avait pas de racisme dans le football. Des propos auxquels son successeur Philippe Diallo a fait écho cet été en déclarant, lui, ne pas voir d’homophobie dans le foot.

Des causeries homophobes aux maillots arc-en-ciel

Pour Lilian Thuram, « quand on parle d’homophobie, les gens n’ont pas conscience des mots (...) C’est tellement ancré ». Il évoque notamment des causeries auxquelles il a pu assister où l’entraîneur tenait des propos homophobes.

L’ancien défenseur a estimé qu’il suffirait parfois de quelques joueurs sensibilisés pour faire la différence. Et donc aussi pour « convaincre la fédération de mettre en place certaines choses ».

L’émotion est venue au moment d’évoquer les maillots floqués d’un blason arc-en-ciel qu’ont refusé de porter des joueurs de Ligue 1. « Je vais essayer de rester calme », a-t-il entamé. « L’homophobie c’est la violence, c’est le droit de tuer des gens (...) ce sont des enfants qui se retrouvent à la rue (...) Des enfants qui se suicident parce qu’ils sont homosexuels. Mais ils se suicident à cause de qui ? À cause de nous. »

Pour Lilian Thuram, il n’est pas possible de demander à des joueurs de porter ce maillot sans « leur expliquer que c’est ça l’homophobie ». Et d’ajouter : « si vous demandez à des gens de participer à un truc qu’ils ne comprennent pas, ils ne comprennent pas la gravité des choses ». Une façon aussi de renvoyer les institutions à leurs responsabilités de formation, alors que plusieurs associations ont déposé plainte contre Amazon Prime, diffuseur du match de Ligue 1 entre le PSG et l’OM fin septembre, au cours duquel des chants homophobes avaient été entendus.

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