Ligne TGV Lyon-Turin : des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre en Savoie

ENVIRONNEMENT - « La montagne se soulève » en Savoie. De brèves échauffourées ont eu lieu ce samedi 17 juin, peu après le départ de la manifestation non autorisée contre la ligne ferroviaire grande vitesse Lyon-Turin, qui rassemble près de 5 000 manifestants écologistes selon les organisateurs et plus de 3 000 selon les autorités.

Vers 15 h 00, quelques manifestants ont lancé des pierres contre les forces de l’ordre près de Saint-Rémy-de-Maurienne, a constaté l’AFP sur place, hors de la zone d’interdiction délimitée par la préfecture de Savoie, comme vous pouvez le voir en tête d’article sur les images tournées par le journaliste du HuffPost Pierre Tremblay, présent dans la vallée de la Maurienne, en Savoie.

Pour riposter, les forces de l’ordre ont fait « usage de gaz lacrymogènes pour maintenir les manifestants hostiles à distance à la suite de jets de projectiles », a de son côté indiqué la gendarmerie à l’AFP.

Lors d’un point presse de fin de journée, le préfet de Savoie François Ravier a annoncé que huit personnes étaient blessées suite aux heurts survenus dans l’après-midi. Dans le détail, il s’agit de sept membres des forces de l’ordre et d’un manifestant.

Un bilan depuis revu à la hausse par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a évoqué sur Twitter « 12 gendarmes blessés » au terme de la journée. Le ministre a également tenu à remercier les « 2 000 policiers et gendarmes qui ont été mobilisés ce jour ».

Gérald Darmanin a aussi évoqué les « 96 ressortissants étrangers, connus des services » refoulés à la frontière et les quelque « 400 objets dangereux » saisis ou mis à l’écart lors des contrôles en amont de la manifestation.

Un bref blocage de l’autoroute A43

Durant la journée, des protestataires avaient brièvement envahi la voie ferrée à proximité, alors que la circulation des trains a été stoppée en début d’après-midi en raison de la situation, selon la SNCF.

Mais alors que le cortège commençait à refluer en fin d’après-midi, quelques dizaines de militants, bloqués sur une route départementale faute d’avoir réussi à négocier un parcours avec les autorités, ont traversé à pied la rivière Arc pour rejoindre l’autoroute A43 de l’autre côté, se tenant par la main pour résister au fort courant. Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour les chasser de l’autoroute, faisant usage de gaz lacrymogènes, tandis que le gros des manifestants les huaient depuis l’autre rive toute proche.

Et comme l’indique la préfecture de Savoie, l’axe est fermé entre Aiton et la barrière de péage de Saint-Jean-de-Maurienne dans les deux sens. Durant son point presse, François Ravier a toutefois annoncé que le tronçon allait rouvrir « de manière imminente ».

Après cet incident, les opposants ont progressivement fait demi-tour pour retourner vers le camp de base sur la commune voisine de La Chapelle, laissant derrière eux quelques barricades improvisées en flammes.

Départ du cortège hors du périmètre d’interdiction

Le cortège s’était rassemblé dans le calme en milieu de journée à l’appel d’une dizaine d’organisations, dont les Soulèvements de la Terre, menacés de dissolution par le ministère de l’Intérieur, et les No-Tav italiens, mobilisés contre ce chantier jugé « pharaonique » mais surtout « néfaste » pour l’environnement, la biodiversité et les ressources en eau.

Le départ de cette manifestation non déclarée s’est fait depuis le camp de manifestants à La Chapelle, située hors du périmètre d’interdiction préfectorale, comme le confirme notre reporter sur place.

« Notre nombre est un signal politique (...) il y a quelques jours, les pro Lyon-Turin se sont réunis, ils étaient seulement 100, nous sommes des milliers à dire que nous voulons l’arrêt de ce projet inutile », a déclaré la cheffe parlementaire LFI Mathilde Panot, présente dans le cortège avec plusieurs élus Verts et LFI, avant les incidents.

« Il n’y avait pas de raisons de ne pas autoriser cette manifestation dès lors qu’elle est dans un esprit non violent et nous on prônera toujours des logiques de non violences », a pour sa part souligné la sénatrice EELV Fabienne Grebert.

Avec un groupe d’élus, la sénatrice avait essayé de négocier le parcours avec les autorités pour « aller un peu plus loin », alors que les manifestants patientaient sous un soleil torride sur une petite route à proximité de Saint-Rémy-de-Maurienne. Les échauffourées sont intervenues après ces négociations, selon l’AFP sur place.

« C’est quand même assez scandaleux, drôle que l’État et le gouvernement décident de s’attaquer à un mouvement, à des militants écologistes, à des paysans, à des syndicats alors qu’aujourd’hui il faudrait vraiment s’attaquer à toutes les industries, à tous ceux qui détruisent le vivant, qui sont en train de nous faire crever de chaud », a souligné Pina, la porte-parole des Soulèvements de la terre, lors des prises de parole.

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