« Libération » prend la défense de Coco après une vague de menaces visant la dessinatrice

La dessinatrice Coco a reçu des menaces après une caricature illustrant la famine à Gaza, publiée le 11 mars. (Photo : Coco pose à Paris le 26 novembre 2015.)
JOEL SAGET, ANAELLE LE BOUEDEC / AFP La dessinatrice Coco a reçu des menaces après une caricature illustrant la famine à Gaza, publiée le 11 mars. (Photo : Coco pose à Paris le 26 novembre 2015.)

MÉDIAS - « Nous l’assurons de notre solidarité et notre soutien. » Ce mardi 12 mars, la direction du journal Libération a dénoncé les violentes attaques, parmi lesquelles des menaces de mort, ciblant sa caricaturiste Corinne Rey, qui signe ses dessins sous son nom d’artiste « Coco », après la publication la veille d’une caricature sur la famine à Gaza.

« La direction de la rédaction du journal et la Société des journalistes et du personnel de Libération (SJPL) dénoncent avec la plus grande vigueur ces intimidations, certaines comprenant des menaces de mort », écrit Libération dans un communiqué, ajoutant que ces attaques ne doivent pas être « banalisées ». Dov Alfon, le directeur de la rédaction, ne s’est en revanche pas prononcé sur d’éventuelles plaintes.

Des menaces visant aussi sa famille

Le dessin mis en cause, publié dans une vignette « Ramadan à Gaza » et accompagné de la légende « début d’un mois de jeûne », montre un Gazaoui squelettique en train de courir après des rats, tandis qu’une femme lui frappe la main en lançant « T-t-t, pas avant le coucher du soleil », le tout au milieu de ruines où l’on distingue la main d’un cadavre.

La caricature « souligne le désespoir des Palestiniens, dénonce la famine à Gaza », enclave palestinienne bombardée sans relâche par l’armée israélienne et où l’ONU redoute une famine généralisée, « et moque aussi l’absurdité de la religion », a fait valoir Coco mardi sur X (ex-Twitter), comme vous pouvez le lire dans le tweet ci-dessous. En regard de ce dessin au message universel, elle a également publié un « petit florilège » des menaces de mort la visant elle et sa famille, ainsi que les messages antisémites reçus depuis sa publication.

Sur X, un internaute lance par exemple à Coco, en anglais, « Cours, cours pute… Tu seras abattue bientôt. Toute la famille morte ». « Ils auraient dû te liquider le 7 janvier », abonde un autre, en référence à l’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo en 2015, et d’où Coco est sortie vivante.

L’« indécence » du tweet de Sophia Chikirou dénoncée

« Vous n’aurez pas notre haine mais vous la méritez », a également commenté sur X la députée LFI Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon, en réaction au dessin.

Des internautes se sont offusqués de ce message, l’un d’eux fustige : « Même pas foutue de comprendre une caricature qui dénonce la famine à Gaza. Je n’ose imaginer l’état de la liberté d’expression, du droit à la satire et au blasphème si vous étiez au pouvoir. »

« Il suffit d’un dessin humoristique sur le Ramadan à Gaza pour exciter la haine des Insoumis et coller des cibles sur une dessinatrice. Honte à Sophia Chikirou qui semble avoir un problème avec la liberté d’expression (...) », a également condamné la féministe Charlotte Rocher, sur le même réseau social.

Soutien de ses confrères

La dessinatrice, qui a rejoint Libération en 2021 et vit sous protection rapprochée depuis l’attentat de 2015, peut aussi compter sur le soutien de certains de ses confrères et consœurs, à l’image du journaliste de France Inter, Claude Askolovitch. Ce dernier dénonce : « Parodier les mots d’un homme [Antoine Leiris, ndlr] dont l’épouse a été tuée au Bataclan, pour injurier une dessinatrice dont les amis ont péri à Charlie, est une indécence qu’une élue de la République devrait s’épargner, quand bien même un dessin lui déplaît », écrit-il, demandant à la députée LFI de Paris de retirer son tweet.

« On ne s’habitue ni à la bêtise des twittos ni à la mauvaise foi et à la récupération politique bas de plafond…  », tacle aussi Jean-Loup Adénor, directeur adjoint de Charlie Hebdo, sur X. « Face aux petits marchands de haine, tu as évidemment le soutien de toute l’équipe, toujours. On t’aime », a écrit la rédaction dans son ensemble.

Du côté du monde politique, le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a apporté son « plein soutien » à Coco, tandis que la députée écologiste Sandrine Rousseau écrivait sur son compte X : « Un dessin. Il s’agit juste d’un dessin. #JeSuisCharlie ».

Des messages auxquels Coco a répondu ce mercredi : « Je vous remercie vraiment pour cette attention confraternelle ». Et conclut : « Je suis déjà concentrée sur mon prochain dessin, bien déterminée à continuer de faire mon travail. »

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